En grève depuis deux mois, les étudiants de la Faculté des langues étrangères de Béni Messous à Alger ont observé, hier, un rassemblement devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à Ben Aknoun, afin d'exiger leur «droit» au mastère. Ils étaient plus d'une centaine à camper toute la journée non loin du ministère, auquel l'accès était interdit par un important dispositif sécuritaire mis en place. Ils ont exhibé des pancartes où l'on pouvait lire «On revendique nos droits au mastère». Ils sont plus que déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation malgré les menaces et les intimidations auxquels ils font face quotidiennement de la part de leur administration. Les étudiants inscrits en LMD langues (russe, italien, allemand et espagnol) affirment, en effet, avoir reçu des avertissements de leur administration les sommant de reprendre les cours, autrement, ils risquent l'année blanche. Une menace qui semble être tombée dans l'oreille d'un sourd, puisqu'ils programment d'ores et déjà plusieurs actions similaires, si leur revendication principale n'est pas prise en charge dans les plus brefs délais. Les contestataires sont convaincus que le diplôme provisoire remis en fin de cycle ne leur servira aucunement à assurer leur avenir, ni à décrocher un job. «Avec un bac+3, on ne pourra même pas espérer enseigner dans un lycée. C'est un diplôme reconnu par aucune administration», explique une étudiante en langue russe, qui ajoute que «parmi les 170 étudiants inscrits, seuls 25 auront le droit de s'inscrire au mastère, alors qu'en début de notre cycle de formation, l'administration a promis à toute la promotion l'accès au mastère 1, sans conditions ni concours». Idem pour les étudiants en langue espagnole. Uniquement 25 d'entre eux sont promus au mastère. Les contestataires insistent à dire qu'ils sont victimes d'un blocage, mais l'administration explique cette situation par le manque de salles et d'encadreurs. En début d'après-midi, une délégation a été reçue au ministère, mais aucune solution n'a été trouvée à ce problème, selon les représentants des grévistes. Ces derniers revendiquent aussi l'amélioration des conditions de travail. Outre le manque d'encadreurs, ils dénoncent la situation catastrophique des salles de cours, dépourvues de tout équipement nécessaire. Selon certains, «notre faculté ressemble à un chantier, où des tables cassées trônent dans des salles crasseuses».