La crise des universités perdure. Deux mois après le lancement officiel de la rentrée universitaire, le 5 octobre dernier, le début des cours n'a toujours pas eu lieu dans plusieurs départements à travers le territoire national, perturbé par de multiples grèves tandis que le ton monte aussi bien chez les enseignants que chez les étudiants. La contestation se place à plusieurs niveaux : problèmes pédagogiques, mauvaises conditions de vie dans les cités universitaires, blocages dans l'application du système LMD, rémunérations des enseignants-chercheurs, etc. Autant de revendications qui peinent à avoir un écho. La menace d'une grève nationale n'est pas écartée, si des réponses effectives ne sont pas données aux nombreuses questions qui troublent le secteur. Mais pour l'instant, les syndicats d'étudiants continuent de traiter les problèmes au cas par cas. Brahim Boulgrame, secrétaire général de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) a cité les exemples les plus éloquents de cette dernière semaine : «A Bordj Bou Arréridj, les étudiants du département d'anglais ont interrompu leur grèv,e mais à Constantine la crise atteint son comble. Le recteur refuse les négociations et les étudiants s'inquiètent des conditions d'accès au mastère selon aucun critère connu.» L'opacité règne justement sur la question d'accès à la post-graduation dans différents départements. Le président de l'Union générale des étudiants algériens (UGEA), Mandar Boudenn, a parlé, lui, du cas du Centre universitaire de Chlef qui rencontre de sérieux problèmes pédagogiques mais qui ne «dépasse pas pour autant le trouble qui caractérise l'université de Constantine», souligne-t-il. «A Constantine, malgré les instructions données par le ministère de l'Enseignement supérieur, le 11 octobre dernier, concernant le système LMD, aucune application n'a été notée et des problèmes sévères persistent pour l'accès au mastère notamment», précise Ali Benalem, président de la Ligue algérienne des étudiants (LAE). La capitale n'est pas en reste. Les universités Alger I, II et III posent également des problèmes sérieux, même s'il a été annoncé que le département d'interprétariat devrait retrouver la stabilité d'ici peu et que le recteur de l'université de Bouzaréah est plus réceptif, dit-on. Cette crise sans précédent, qui met à nu toute la déficience de l'université algérienne, ne manque pas pour autant d'être pondérée par ces mêmes responsables décriés par les contestataires. Le recteur de l'université d'Alger II (Bouzaréah), Abdelkader Henni, a indiqué à l'APS, samedi dernier, que son établissement «fonctionne normalement en dépit des perturbations enregistrées dans le département de traduction et interprétariat». Evoquant le déroulement de l'année universitaire à l'université de Bouzaréah, il a ajouté que «les cours ont officiellement débuté dans tous les départements de la faculté des sciences humaines et sociales alors que celle des langues et lettres a connu un «certain retard» en raison du débrayage observé par les étudiants du département de la langue anglaise». L'administration de l'université a fait preuve de pondération face à cette situation «grâce au dialogue et à la concertation eu égard à la «subjectivité « de la revendication des étudiants». Un discours «optimiste» qui contrecarre l'inquiétude grandissante des étudiants – tout en les chargeant – et des enseignants qui attestent que le mal de l'université algérienne est plus profond.