Le futur Directeur de la CIA, M. John Brennan, a affirmé jeudi devant le Congrès que les Etats-Unis "resteront en guerre" contre Al Qaida et ses groupes affiliés qui, selon lui, cherchent encore à mener des attaques meurtrières à travers le monde. M. Brennan, qui a été désigné par le président Barack Obama à la tête de la CIA, intervenait devant la commission du Renseignement du Sénat pour son audition, une étape préalable avant sa probable confirmation pour diriger cette agence américaine de renseignement. Agé de 57 ans, M. Brennan, qui avait déjà effectué une visite à Alger en janvier 2011 et reçu plusieurs ministres algériens à la Maison-Blanche en 2011 et 2012, a affirmé devant le Sénat que son expérience au sein de la CIA où il avait exercé durant 25 ans depuis les années 80 jusqu'à 2005, et ses autres expériences professionnelles l'ont bien préparé " à relever le défi de la première agence mondiale de renseignement à ce moment de l'histoire, qui doit être plus dynamique et conséquentiel dans les années à venir". ''En termes simples, le besoin de renseignements précis et d'analyses clairvoyantes de la CIA n'a jamais été aussi nécessaire qu'il ne l'est en 2013 ou dans les années à venir", a expliqué M. Brennan qui est le conseiller d'Obama pour la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme depuis 2009. Expliquant les raisons de cette approche avec laquelle il compte diriger la CIA, il a souligné qu'il s'agissait "des transformations politiques, économiques et sociales historiques qui continuent de balayer le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, avec des implications majeures pour les intérêts des Etats-Unis, des partenaires arabes, ainsi que des perspectives pour la paix et la stabilité dans toute la région." En outre, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis ''restent en guerre contre Al-Qaïda et ses groupes associés qui, malgré les progrès considérables réalisés contre eux, cherchent encore à mener des attaques meurtrières contre notre pays et nos concitoyens, ainsi que contre nos amis". M. Brennan a également évoqué les cyberattaques ciblant les réseaux informatiques et les bases de données des Etats-Unis, menées, selon lui, par des pays, des organisations internationales, des groupes criminels et des pirates individuels. Mais au cours de cette audience, les membres de la Commission du Renseignement ont focalisé la plupart de leurs questions sur la multiplication des opérations secrètes de drones contre des personnes suspectées de terrorisme. M. Brennan y est considéré comme un personnage clé qui aurait établi une liste avec des personnes qui devaient être tuées dont des citoyens américains soupçonnés de terrorisme. Appelées "la guerre secrète de Barack Obama", ces opérations d'utilisation de drones menées au Pakistan, au Yémen et en Somalie sont, depuis quelques jours, au centre d'un affrontement entre la Maison-Blanche et le Congrès quant au fondement juridique de l'utilisation de drones contre des citoyens américains soupçonnés de terrorisme tel le cas de l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi tué en 2011. En plus de l'absence d'une législation qui encadre ces frappes de drones, le Congrès ainsi que des organisations de droits de l'homme déplorent que de telles opérations fassent régulièrement des victimes civiles. Qui plus est, les sénateurs de la Commission du renseignement s'indignent du fait de ne pas être informés des programmes d'attaques de drones notamment celles prévues contre des Américains impliqués dans des attaques terroristes ou qui pourraient constituer une menace. "Les Américains n'ont-ils pas le droit de savoir si leur gouvernement a le droit de les tuer ?", demanda un des sénateurs au Directeur-candidat de la CIA. Promettant que sous sa direction, la CIA serait aussi ouverte que transparente au sujet de l'utilisation de drones armés, M. Brennan souligna aux sénateurs que ces frappes ont été menées ''en pleine conformité avec la loi" pour prévenir les attaques terroristes contre les Etats-Unis et sauver des vies américaines, tout en admettant que ces technologies devraient être utilisées d'une manière ''prudente et responsable''. Le gouvernement américain, a-t-il poursuivi, ''dispose de l'autorité de mener des frappes de drones contre Al-Qaïda et ses groupes associés sans limitation géographique", ajoutant qu'une législation supplémentaire dans ce sens n'était pas nécessaire. Questionné sur le rôle élargi de la CIA à des opérations militaires létales, M. Brennan a répondu que cette agence avait besoin de maintenir sa capacité paramilitaire tout en faisant valoir qu'il ne voudrait pas être le directeur d'une agence de renseignement ''effectuant des missions qui devraient être menées plutôt par l'armée américaine." Face à cette polémique sur les drones, la Maison-Blanche avait demandé mercredi dernier au ministère de la Justice d'autoriser l'accès des membres des deux commissions du renseignement du Congrès à des documents classifiés, notamment sur les arguments légaux qui justifient de tuer des citoyens américains à l'étranger suspectés de terrorisme. Alors qu'une autre séance d'audition à huis clos est prévue pour mardi prochain, plusieurs observateurs avancent que la confirmation de M. Brennan à la tête de la CIA est quasiment assurée.