Le futur directeur de la CIA, John Brennan, a affirmé jeudi devant le Congrès que les Etats-Unis «resteront en guerre» contre Al Qaïda et ses groupes affiliés qui, selon lui, cherchent encore à mener des attaques meurtrières à travers le monde. M. Brennan, qui a été désigné par le président Barack Obama à la tête de la CIA, intervenait devant la commission du Renseignement du Sénat pour son audition, une étape préalable avant sa probable confirmation pour diriger cette agence américaine de renseignement. «En termes simples, le besoin de renseignements précis et d'analyses clairvoyantes de la CIA n'a jamais été aussi nécessaire qu'il ne l'est en 2013 ou dans les années à venir», a expliqué M. Brennan, qui est le conseiller d'Obama pour la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme depuis 2009. Expliquant les raisons de cette approche avec laquelle il compte diriger la CIA, il a souligné qu'il s'agissait «des transformations politiques, économiques et sociales historiques qui continuent de balayer le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, avec des implications majeures pour les intérêts des Etats-Unis, des partenaires arabes, ainsi que des perspectives pour la paix et la stabilité dans toute la région». En outre, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis «restent en guerre contre Al-Qaïda et ses groupes associés qui, malgré les progrès considérables réalisés contre eux, cherchent encore à mener des attaques meurtrières contre notre pays et nos concitoyens ainsi que contre nos amis». Mais au cours de cette audience, les membres de la Commission du renseignement ont focalisé la plupart de leurs questions sur la multiplication des opérations secrètes de drones contre des personnes suspectées de terrorisme. M. Brennan y est considéré comme un personnage-clé qui aurait établi une liste avec des personnes qui devaient être tuées dont des citoyens américains soupçonnés de terrorisme. Appelées «la guerre secrète de Barack Obama», ces opérations menées au Pakistan, au Yémen et en Somalie sont, depuis quelques jours, au centre d'un affrontement entre la Maison-Blanche et le Congrès quant au fondement juridique de l'utilisation de drones contre des citoyens américains soupçonnés de terrorisme, tel le cas de l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi tué en 2011.
«Les frappes de drones sont conformes à la loi», selon Brenan En plus de l'absence d'une législation qui encadre ces frappes de drones, le Congrès ainsi que des organisations de droits de l'homme déplorent que de telles opérations fassent régulièrement des victimes civiles. Promettant que sous sa direction, la CIA serait aussi ouverte que transparente au sujet de l'utilisation de drones armés, M. Brennan souligna aux sénateurs que ces frappes ont été menées «en pleine conformité avec la loi», pour prévenir les attaques terroristes contre les Etats-Unis et sauver des vies américaines, tout en admettant que ces technologies devraient être utilisées d'une manière «prudente et responsable». Le gouvernement américain, a-t-il poursuivi, «dispose de l'autorité de mener des frappes de drones contre Al-Qaïda et ses groupes associés sans limitation géographique», ajoutant qu'une législation supplémentaire dans ce sens n'était pas nécessaire. Questionné sur le rôle élargi de la CIA à des opérations militaires létales, M. Brennan a répondu que cette agence avait besoin de maintenir sa capacité paramilitaire tout en faisant valoir qu'il ne voudrait pas être le directeur d'une agence de renseignement «effectuant des missions qui devraient être menées plutôt par l'armée américaine». Alors qu'une autre séance d'audition à huis clos est prévue mardi prochain, plusieurs observateurs avancent que la confirmation de M. Brennan à la tête de la CIA est quasiment assurée.