Le milieu de l'AC Milan Kevin-Prince Boateng se rapproche peu à peu de son niveau de 2011, après une demi-année dans le creux de la vague, au meilleur moment pour disputer une place en quarts de finale au FC Barcelone, mardi au Camp Nou. Il était une fois un Prince germano-ghanéen beau comme un footballeur tatoué, qui marquait des buts et les esprits, et servait l'écusson ("scudetto") 2011 de champion au "Diable" milanais. Protégé par San Siro, qui aimait ses buts spectaculaires, tout réussissait au Prince, se promenant dans les rues de Milan au bras d'une beauté de conte de fée, le mannequin Melissa Satta. Mais son passeur décisif préféré, le roi-mage Zlatan Ibrahimovic, parti cet l'été, Prince perdit ses coups de génie, et sa place dans l'armée rouge et noire. Le peuple le conspuait, il ratait tout, même les choses les plus faciles, et ne faisait plus guère parler de lui qu'en subissant des malveillances racistes en match amical, où il en jetait même de rage son palefroi. "Où es-tu passé, Prince?" gémissait San Siro. Et puis... Et puis, le Prince s'est repris. Oh! Pas grâce à un baiser à une grenouille, il n'y eut pas de métamorphose soudaine mais bien un lent retour à son meilleur niveau, fruit d'un travail tactique, physique et psychologique. "Boa" a été relancé par son entraîneur Massimiliano Allegri. Début de saison catastrophique Boateng a retrouvé le chemin des filets en Serie A (2 buts) après un début de saison catastrophique, et a marqué un but au Barça au match aller. La saison dernière il avait déjà réussi un but d'anthologie contre les Catalans, un enchaînement sombrero-volée à faire chavirer les esthètes (mais le Milan avait perdu 3-2). Fixé sur l'aile droite, et non en meneur de jeu comme il le réclamait, après avoir obtenu d'Allegri le numéro magique, le 10, celui de la légende locale Clarence Seedorf, il a cessé de se prendre pour le roi et est redevenu Prince. Ses courses forcenées et percutantes, son pressing, comme au match aller, constituent un des plus gros dangers des adversaires du Milan, avec son pendant gauche, Stephan El Shaarawy, qui a en outre repris le rôle de finisseur dévolu auparavant à Ibrahimovic (15 buts en Serie A pour le "Pharaon"). Pour réussir l'exploit d'éliminer le grand Barça, Prince pourrait bien jouer à la pointe de l'attaque, dans un rôle de "faux neuf", car Milan est privé pour ce match retour des deux hommes prévus pour ce poste. L'un, Mario Balotelli, n'est pas au sommaire car il est déjà apparu dans ces pages (dans le rôle du vilain petit canard de Manchester City). L'autre, Giampaolo Pazzini, s'est blessé vendredi. Boateng, à 26 ans, est en train de redevenir le joueur décisif qu'il fut l'année du titre de champion (2011). Les cadres partis, Ibra, Thiago Silva, Alessandro Nesta, Gennaro Gattuso, il doit maintenant prendre à son tour ce genre de responsabilités. Et c'est ainsi que le Prince sera grand.