Les Constantinois ne décolèrent pas. Ils ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève générale décidée par un comité de jeunes activant sur les réseaux sociaux pour réclamer la peine capitale pour les deux bourreaux de Haroun et Ibrahim. Tous les commerçants ont baissé rideau hier. Il n'y avait pas de transport et les écoles étaient fermées. Seules quelques administrations publiques comme la poste et les banques ont fonctionné, avec l'observation d'une heure d'arrêt de travail entre 11h et midi, selon M.Djebassi, coordinateur de wilaya du Snapap. Toutes les daïras et communes que compte la wilaya ont suivi le mot d'ordre de grève. Les tracts distribués dans tous les quartiers par les jeunes ont trouvé un écho favorable auprès des citoyens qui ont voulu faire part de leur solidarité avec les familles des deux victimes Haroun et Ibrahim. Tout Constantine était en deuil. Un élan de solidarité rarement observé et une mobilisation très forte. Par ailleurs, des marches ont été organisées au niveau des importantes artères de la ville où les jeunes scandaient «el kassass». Un dispositif sécuritaire remarquable a été déployé contre un éventuel dérapage, heureusement d'ailleurs, car certains éléments se sont infiltrés parmi les jeunes et ont voulu s'attaquer à certains édifices, dont la cour de Constantine et le siège de la mairie. La réponse des éléments de la sûreté nationale a été immédiate, sans pour autant céder à la provocation. Des bombes lacrymogènes ont été lancées pour disperser la foule de plus en plus dense devant la cour au centre-ville. Quelques blessés parmi les policiers ont été enregistrés à cause des pierres jetées par des jeunes déchaînés. La situation est restée tendue au niveau du centre-ville, alors qu'au niveau des autres villes comme El Khroub et Ali Mendjeli, aucun incident n'a été signalé. Le wali de Constantine a annoncé de son côté que la sécurité sera renforcée au niveau de la nouvelle ville Ali-Mendjeli et que des postes de police seront opérationnels «très prochainement» dans toutes les cités et les groupements d'habitations nouvellement créés dans la wilaya. Il s'agit là d'une «mesure préventive» devant permettre d'assurer la sécurité des citoyens résidant dans ces cités, en attendant l'ouverture des sûretés urbaines en cours de réalisation dans les nouveaux groupements d'habitations. Les autorités locales s'attellent à prémunir les citoyens contre toutes les formes de délinquance et de banditisme. Selon toujours le chef de l'exécutif, «cinq sûretés urbaines sur les six dont a bénéficié la nouvelle ville Ali-Mendjeli dans le cadre du programme spécial de mise à niveau de cette agglomération seront ouvertes d'ici l'été prochain, en plus d'une sûreté de daïra qui sera fonctionnelle avant la fin de l'année 2013 dans cette même nouvelle ville».