Le chef du renseignement espagnol, Felix Sanz Roldan, s'est expliqué mardi à huis clos devant la commission des secrets d'Etat sur les activités d'une "amie" du roi Juan Carlos, Corinna zu Sayn-Wittgenstein, qui a affirmé avoir rendu des services à la Couronne espagnole, ce que le gouvernement actuel nie. "Il n'y a aucun commentaire à faire puisqu'il s'agit d'une commission secrète", a tranché Felix Sanz Roldan devant des journalistes, à son arrivée au Congrès des députés. Tenus au secret, les députés membres de la commission n'ont pas non plus fait de commentaires, seul le chef de gauche Izquierda unida, Cayo Lara, se risquant à des déclarations prudentes devant la presse à la sortie de la réunion. Selon lui, le chef du renseignement a été "sincère" dans ses réponses. Cependant, il reste "de nombreuses questions sans réponse" et de nombreux points à éclaircir "en ce qui concerne l'action du gouvernement mais également de la Maison royale", a-t-il affirmé, estimant que désormais, "c'est à eux de fournir des explications". "Je ne sais pas si Corinna ment ou ne ment pas, mais elle dit beaucoup de choses dans les médias et ce sont des choses très graves pour l'Etat. L'Etat devra répondre et prendre des mesures, et lorsque je parle d'Etat, je veux dire le gouvernement ainsi que le chef de l'Etat" (le roi d'Espagne), a-t-il ajouté. Felix Sanz Roldan était auditionné sur des déclarations aux médias de Corinna zu Sayn-Wittgenstein, une aristocrate allemande décrite par la presse espagnole comme "l'amie" du roi d'Espagne, présente notamment, selon les journaux, lors de la partie de chasse controversée du roi au Botswana ou lors de plusieurs voyages officiels du roi en 2012. Citée dans l'affaire de corruption où apparaît le gendre du roi Iñaki Urdangarin, cette consultante internationale, jusque là très discrète, a accordé plusieurs entretiens à la presse, estimant que son nom avait été sali. Elle a affirmé avoir réalisé des missions "délicates" dont, notamment, selon El Mundo, une médiation entre Madrid et Abou Dhabi pour tenter de calmer la colère des investisseurs arabes face à la réduction en Espagne des primes aux énergies renouvelables. Si le ministre des Affaires étrangères José Manuel Garcia Margallo n'a pas nié avoir rencontré la consultante, il a "fermement" démenti à plusieurs reprises avoir eu recours à de quelconques services de médiation de sa part.