Cette visite s'inscrit dans le cadre «de la poursuite du développement et de la consolidation des relations de coopération entre les forces armées des deux pays». La coopération militaire entre l'Algérie et les pays de la rive nord de la Méditerranée est désormais devenue une réalité indéniable. A travers son rapprochement de l'Otan, l'Algérie s'est désormais inscrite dans la stratégie internationale de lutte contre le terrorisme, notamment au lendemain des événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Avec la fin des idéologies et du bipolarisme (blocs est et ouest), le temps est venu pour l'Algérie de se positionner sur l'échiquier géostratégique mondial. Par ailleurs, la succession, à Alger, de chefs d'états-majors et de délégations militaires de haut niveau de la rive nord de la Méditerranée, dénote l'intérêt que suscite l'Algérie dans la région du Bassin méditerranéen, en tant que partenaire «privilégié» de l'Otan dans la sous-région. La visite officielle de trois jours qu'effectue depuis hier en Algérie le chef d'état-major de la Défense espagnole, le général d'armée Felix Sanz Roldan, à l'invitation du général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), s'inscrit, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale, dans le cadre «de la poursuite du développement et de la consolidation des relations de coopération entre les forces armées des deux pays». Cette visite coïncide, par ailleurs, avec la visite qu'effectue depuis hier, le roi d'Espagne, Juan Carlos, et la reine Sofia au royaume chérifien. Rappelons que le chef d'état-major de l'armée espagnole a été reçu fin décembre dernier par le roi du Maroc qui l'avait décoré du grand cordon du Wissam Al Askari. A noter que depuis le rapatriement de 1300 militaires espagnols d'Irak, une décision prise par le nouveau gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, des déclarations critiques à l'égard des Etats-Unis ne se sont pas fait attendre de la part du chef d'état-major de l'armée espagnole. Une mesure qui a propulsé, deux mois plus tard, le général Sanz à la tête de l'armée espagnole. «Rééquilibrer» les «curieuses» relations militaires avec les Etats-Unis, c'est le souhait exprimé récemment à Madrid par le général Felix Sanz Roldan. Ce dernier justifiant la suprématie US dans la région de la Méditerranée, estime que pendant les 8 semaines de la durée officielle de la guerre d'Irak, en 2003, les espaces aériens et maritimes et les ports et aéroports espagnols ont enregistré 8000 mouvements d'avions militaires américains et 150 entrées de navires de l'US Navy. «Les Espagnols donnent beaucoup mais reçoivent peu», en déduit le général Sanz. Sur le plan militaire le chef d'état-major de l'armée espagnole s'est plaint, notamment de la difficulté d'obtenir au sein de l'Otan certains investissements militaires en Espagne. Le nouveau chef d'état-major croit que l'accord militaire signé en 1953 avec les Etats-Unis par l'Espagne alors franquiste fut «un échange de souveraineté contre un appui politique». Révisé à plusieurs reprises, cet accord laisse encore aujourd'hui aux Etats-Unis l'usage en Andalousie, au sud de l'Espagne, de deux bases militaires, l'une aéronavale (à Rota) et l'autre aérienne (à Moron). Le général Sanz critique aussi l'un des fondements théoriques actuels de la politique européenne de défense, le document Solana, l'estimant «trop court quant au développement des forces armées» de l'Union européenne. Les observateurs y voient un appel à plus d'autonomie militaire de l'Europe à l'égard de Washington.