La ville de Toudja dans la wilaya de Bejaia, réputée pour sa source minérale et millénaire, s'apprête à célébrer avec faste samedi prochain, la 4ème édition de la fête de l'eau. Cet événement est devenu désormais incontournable, en raison de l'intérêt qu'il suscite autant parmi les citoyens que parmi les spécialistes. Au delà des rites cérémoniaux habituels prévalant dans ce type de manifestation, l'occasion est saisie à chaque fois, pour ébaucher des thèmes de débat d'intérêt général mais aussi des projets d'ordre économique ou scientifique. Ainsi, la nouvelle édition va se focaliser sur la relation entre l'eau et l'environnement, avec, en toile de fond, la quête ou l'identification de projets, à même d'asseoir une stratégie pilote, inhérente au développement de l'éco-tourisme, selon les organisateurs de cette manifestation. La région de Toudja, située en montagne, en pleine zone rurale, offre, en effet, tous les atouts pour constituer une attraction touristique phare. "Cette région renferme une immense forêt, jouit de toutes les vertus que lui offre sa localisation dans une nature d'une beauté à couper le souffle, et recèle de plus un patrimoine historique et archéologique rare", plaide, dans ce sens, le professeur Aissani, président de l'association universitaire "Géhimab", initiatrice du musée de l'eau s'y trouvant et engagée pleinement dans la concrétisation de cet objectif. Située à 30 km au nord-ouest de Bejaia, Toudja a, en effet, le pied dans la montagne et l'œil rivé sur la mer. Elle possède des paysages suspendus entre ciel et terre, d'un charme à ravir, particulièrement sur son flanc balnéaire. Un tableau naturel des plus pittoresques, qui allie procession de forêts et jardins émeraudes, se déroulant à perte de vue, sous le drap azuréen du ciel et dans une douce harmonie, rendue encore plus vive par le gazouillis des oiseaux et le murmure des ruisseaux, foisonnant dans tous les parcours. "Un véritable paradis qui, au printemps, offre au peintre une multitude d'inspirations", rapportera dans sa description, au détour d'une visite sur les lieux en 1899, Louis de Habsbourg, archiduc d'Autriche, dans son livre "Bougie, la perle de l'Afrique du Nord", entièrement tombé sous le charme. Ainsi est Toudja. Généreuse dans sa constitution naturelle, mais aussi troublante par quelques aspects qu'on y aborde. Haut lieu de résistance durant la guerre de libération nationale, elle constitue également un concentré d'histoire, ayant profité ou subi, d'une façon ou d'une autre, sa proximité avec Bejaia, depuis l'époque Romaine. "Saldae", Bejaia alors, était une simple garnison mais qui devait se transformer en colonie après avoir reçu les équipements d'une ville moderne, notamment son réseau d'alimentation en eau potable. Et pour ce faire, Nonius Datus, en l'an 145 de l'ère chrétienne, a du y concevoir un projet grandiose, en mettant en œuvre un aqueduc, entre Toudja et Bejaia, à travers les montagnes, et qui encore à ce jour, constitue une attraction technique et technologique. Aujourd'hui, l'ouvrage a perdu de sa superbe, ayant été furieusement dégradé, notamment par l'armée coloniale, à l'instar de tous les moulins à eaux d'époques, délibérément détruis pour des raisons de stratégie militaire. Mais les vestiges encore sur pied témoignent de ce passé truculent et du savoir-faire des populations locales, ainsi que de leur secret ancestral sur la domestication de l'eau. Au demeurant, la création d'un musée de l'eau, au cœur de la ville, sur le site des anciens entrepôts du Souk-el-fellah local, n'en est qu'une façon de préserver ou de réhabiliter ce passé, et de le mettre au service du développement local. Le musée en lui-même est un complexe d'activités, à la fois scientifiques, culturels et pédagogiques, voire ludiques, qui toutes célèbrent l'eau sous toutes ses formes. Un lieu original, unique en Afrique, en mesure de donner également des initiatives toutes aussi originales, pour le développement d'une économie touristique porteuse, mais aussi soucieuse de la préservation de l'environnement. La célébration de la fête de l'eau peut en constituer un moment de réflexion.