La démocratisation du secteur de l'automobile en Algérie a propulsé la vente des véhicules dans le hit-parade des activités commerciales, suivie de celle des pièces détachées. Différentes marques essayent de sensibiliser les citoyens pour vulgariser l'achat des pièces d'origine, tout en diabolisant les dangers des pièces contrefaites. Mais la vérité est tout autre. Lors de notre virée dans quelques magasins de la capitale, nous avons interrogé Yacine, jeune vendeur belouizdadi, qui a affirmé que «tous les magasins exposent des pièces d'origine et de contrefaçon. Elle sont vendues selon les besoins et les souhaits des automobilistes». Selon notre interlocuteur, «le faible pouvoir d'achat des citoyens fait que 80% des clients achètent des pièces contrefaites. La différence des prix entre les deux avoisine les 60%». La cherté des pièces d'origine des voitures françaises a — conséquence directe — poussé les citoyens à acheter les pièces de contrefaçon et en second lieu à l'achat des voitures venant d'autres horizons, entre autres les véhicules des pays asiatiques. Excepté les filiales haut de gamme, comme la branche Lexus de Toyota, les voitures du continent asiatique sont destinées à la classe moyenne. Le chiffre d'affaires de la vente des pièces détachées françaises a enregistré depuis l'avènement des voitures asiatiques une baisse de 60%. Les pièces de rechange des pays de l'Extrême-Orient sont les plus vendues, notamment celles de Corée du Sud, particulièrement boostées par l'acquisition des véhicules par voie du crédit bancaire. «Les pièces détachées des pays asiatiques sont rarement contrefaites, elles sont pour la plupart d'origine», signale Yacine. Au quartier Jolie vue, il existe des commerces spécialisés dans la vente des pièces made in Asia. «D'une manière générale, les pièces de contrefaçon sont fabriquées et proviennent de Chine. Elles entrent légalement en Algérie, si toutefois elles sont certifiées par le label Iso», a soulevé notre interlocuteur. «C'est l'une des principales raisons qui ont incité plus de 60% des importateurs à s'approvisionner en pièces de contrefaçon, car les stocks s'écoulent rapidement», a-t-il souligné. En réalité, les normes de sécurité des pièces d'origine et de contrefaçon sont les mêmes, mais les pièces contrefaites n'ont pas été fabriquées pour le long terme. C'est dans la durée de la pièce que repose la différence. A titre d'exemple, le galet enrouleur pour tendeur de croix d'origine pour les voitures Peugeot 406, 306 et Partner coûte 1450 DA et dure un an, tandis que celui contrefait est cédé à 500 DA et dure un mois seulement. Pour notre interlocuteur, «le seul geste à faire et à refaire pour les personnes contraintes d'acheter les pièces contrefaites reste la vérification au début de chaque mois». Ainsi, les bougies, les plaquettes de freins, les chaînes, les galets, les filtres à air, ainsi que les accessoires sont les plus demandés, donc les plus vendus et par conséquent les plus susceptibles d'être remplacés. Plus loin au boulevard Hassiba Ben Bouali, un autre vendeur nous dira que «les prix et la qualité des pièces détachées dépendent également des fournisseurs». Sur le marché, «on peut trouver des pièces ramenées de l'étranger par un seul importateur», a-t-il indiqué. Après la livraison des marchandises au port, les containers des pièces détachées prennent la direction des étals des grossistes de la cité Douzi, dans la cité 5 Juillet de Bab Ezzouar.