Le vaccin expérimental antipaludéen du laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), le premier et le plus prometteur contre cette maladie meurtrière, perd toute efficacité après 4 ans chez les enfants et offre une protection variable, révèle mercredi un essai clinique. Le vaccin appelé RTS, permet une protection de 43,6% la première année après la vaccination, qui tombe progressivement jusqu'à zéro la quatrième année, indique cette étude clinique de phase 2. Les résultats portent sur un groupe de 447 enfants au Kenya, dont 320 ont été suivis jusqu'à la fin de la période d'étude. "Malgré la perte d'efficacité avec le temps, ce vaccin reste prometteur puisque, au cours de cette période de quatre ans, 65 cas de paludisme sur 100 enfants vaccinés ont pu être évités", souligne le Dr Phillip Bejon, du Centre de médecine tropicale de l'université d'Oxford, principal auteur de l'étude. "Nous devons maintenant voir si un rappel de vaccination pourrait maintenir l'efficacité vaccinale plus longtemps", ajoute-t-il. En outre, les effets du vaccin varient selon l'exposition au parasite P. falciparum, transmis par la femelle du moustique Anopheles, responsable de la maladie, ont constaté ces infectiologues, dont la recherche paraît dans le New England Journal of Medicine (NEJM) daté du 21 mars. Ainsi, l'efficacité relative du vaccin diminue avec un contact accru au parasite, passant de 45,1% chez les enfants moins exposés que la moyenne, à 15,9% chez ceux ayant un plus grand contact avec le parasite. Mais dans l'absolu, il y a un nettement plus grand nombre d'infections évitées grâce au vaccin dans les groupes les plus exposés (78 sur 100), que dans les groupes qui ont le moins de contact avec le parasite (62 sur 100). Pour le Dr Ally Olotu, principal co-auteur de la recherche, ces résultats "vont aider à déterminer quels groupes de populations sont susceptibles de bénéficier le plus de ce vaccin", mis au point en 1987 par GSK. L'OMS pourrait recommander le vaccin début 2015 "Les résultats de l'essai clinique de phase 3 en cours, démarré en 2009 --qui porte sur 15.460 enfants dans sept pays africains-- fourniront davantage d'informations sur l'efficacité du vaccin dans différents groupes de population selon leur exposition au parasite, ainsi que sur l'utilité d'un rappel pour prolonger les effets protecteurs du vaccin", précise-t-il. Une porte-parole de GlaxoSmithKline (GSK), Mary Anne Rhyne, a minimisé dans un communiqué la portée des résultats publiés mercredi, soulignant qu'il s'agissait "d'une petite étude clinique" et que "l'essai de phase 3 devrait fournir de solides informations sur l'efficacité du vaccin ainsi que sur les effets d'un rappel". "Ces données sont attendues d'ici la fin 2014", a-t-elle indiqué. Des résultats préliminaires de cet essai montrent que le vaccin réduit de 50% environ l'incidence du paludisme sur les douze mois de suivi chez les enfants de cinq à 17 mois, et de 30% chez les nourrissons, confirmant des données précédentes. Selon la porte-parole de GSK, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pourrait officiellement recommander ce vaccin dès le début de 2015, ouvrant la voie à son utilisation dans des programmes nationaux d'immunisation des pays africains. L'autre vaccin antipaludéen prometteur est le MPS3, qui a montré une efficacité de 64 à 77% pour réduire le risque de paludisme dans un petit essai clinique de phase 1, mené par des chercheurs de l'institut Pasteur, avec 45 enfants de 12 à 24 mois au Burkina Faso. L'OMS estimait à 219 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde en 2010, dont 660.000 décès parmi lesquels 80% sont des enfants de moins de cinq ans.