Les mines antipersonnel posées par le Maroc ont fait, depuis le début de l'occupation du Sahara occidental, au moins 1240 blessés parmi la population sahraouie, a-t-on appris jeudi auprès de l'Association sahraouie des victimes des mines. Le secrétaire général adjoint de l'association sahraouie des victimes des mines, Aoul Lahbib, a exprimé, dans une déclaration à l'APS à l'occasion de la journée internationale contre les mines, célébrée le 4 avril de chaque année, son "inquiétude" quant aux conséquences néfastes des mines antipersonnel qui "ne cessent de faire des victimes". Les dernières en date, informe-t-il, ont été recensées en mars 2013 lorsqu'un enfant âgé de 12 ans et un adolescent de 17 ans ont été blessés par des mines antipersonnel qui leur ont arraché les doigts d'une main et occasionné des blessures au niveau de leurs membres inférieurs. "En ce moment, ils sont pris en charge dans l'un des hôpitaux d'Alger et l'un d'eux risque une amputation de la jambe", a-t-il déploré avant de rappeler que le Sahara occidental est "l'un des territoires les plus minés au monde". Les Sahraouis estiment, en effet, à plus de 10 millions le nombre de mines placées par l'occupant marocain depuis l'invasion de leur pays. "Nous avons observé que le Maroc avait posé 5 mines dont 4 anti-personnel par mètre carrée", argumente Aoul Lahbib qui parle d'une présence "à grande échelle" de ces mines "meurtrières". Pour ce dernier, les données recueillies jusqu'à présent sont "en deçà" du drame occasionné par les engins explosifs dans la mesure où les victimes qui en sont décédées ne sont toujours pas recensées. Celles qui ont survécu gardent en elles, néanmoins, des séquelles profondes aussi morales que physiques et endurent plus sévèrement les affres de la situation de "ni guerre, ni paix" dans laquelle ils se débattent depuis le cessez-le-feu en 1991. Pour les aider à acquérir une autonomie financière, l'organisation britannique d'Action contre les violences armées (AOAV), en partenariat avec l'association qui défend leurs intérêts, a monté un projet de création de 21 coopératives d'élevage de bêtes, d'autres agricoles ou encore de création de locaux commerciaux. Lancé en 2012, le projet a profité à 98 victimes des mines, dont 12 femmes, et a été financé par le ministère des Affaires étrangères hollandais à hauteur de 8 millions DA. La représentation du Comité international de la Croix-Rouge internationale (CICR) à Tindouf apporte son soutien en fournissant l'appareillage nécessaire aux handicapés et l'assistance pour la rééducation physique, rappelle-t-on. Afin d'éviter d'autres victimes des mines antipersonnel, une nouvelle organisation a vu le jour dans les camps des réfugiés sahraouis, en l'occurrence, l'Association sahraouie de sensibilisation contre les dangers des mines qui active à travers des campagnes de sensibilisation. Il est à souligner que l'Association sahraouie des victimes des mines a tenu à marquer la journée mondiale contre les mines à travers une rencontre organisée dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf, en présence des victimes (blessés) des mines dont de nombreux mutilés. Par ailleurs, le directeur exécutif de AOAV, Ahmed Sid-Ali a indiqué à l'APS, que pas moins de 10000 mines antipersonnel ont été détruites par le Front Polisario depuis 2007 et 37228 autres engins explosifs alors que 314 zones explosives et 38 champs de mines ont été recensés. Depuis 2007, le Front Polisario a entrepris, avec l'appui financier et matériel de AOAV, la destruction des mines antipersonnel qui représentent un legs de la guerre menée par le Maroc à la suite de l'occupation du Sahara occidental en 1975. Ahmed Sid-Ali a précisé que le périmètre déminé depuis cette date exclut une bande de territoire de 5 km qui sépare la zone libérée de celle occupée du Sahara occidental en raison du refus du Maroc d'autoriser les Sahraouis à y intervenir.