La communauté internationale exerce des pressions sur le Maroc pour l'amener à détruire son stock de mines antipersonnel. D'autant que le Front Polisario a déjà neutralisé près de 9000 engins. Les autorités militaires de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont détruit, hier, un stock de 2 000 mines antipersonnel, semées par les forces marocaines sur une bande de 2 400 km. C'est là la troisième opération de déminage entreprise par le front Polisario depuis sa ratification de l'appel de Genève, l'équivalent de la convention d'Ottawa qui n'est pas ouverte aux Etats non reconnus par les Nations unies. Le ministre de la Défense, Mohamed Lamine Bouhali, n'a pas voulu se prononcer sur le recensement général des engins explosifs parsemant aussi bien les territoires occupés que libérés. Il a laissé le soin aux “instances spécialisées”. Land Mines Action, organisme britannique soutenu par la fondation de la princesse Diana, collabore avec le Front Polisario et la Minurso (pour le second organisme) pour nettoyer ces terres des bombes qu'elles cachent dans leurs entrailles. Daniel Kerr, représentant de Land Mines Action, a révélé que 500 sites minés sont localisés au Sahara occidental. La destruction des mines antipersonnel est opérée par intermittence à cause du manque de financement. Pour l'heure, les bailleurs de fonds de la destruction des mines antipersonnel au Sahara occidental sont l'ONU et la Norvège. Le ministre de la Défense sahraoui a regretté l'inaccessibilité des territoires occupés aux ONG investies dans l'éradication des mines antipersonnel. Il a regretté l'augmentation permanente des victimes civiles de l'autre côté du mur, érigé par le Maroc pour séparer la partie sous leur domination des territoires libérés. Elisabeth Decrey Warner, présidente de l'appel de Genève, nous a indiqué que la communauté internationale exerce une grande pression sur le Maroc pour l'amener à signer la convention d'Ottawa. “Nous voulons sortir l'action humanitaire du problème politique”, nous a-t-elle déclaré. Le régime de Rabat a été attaqué, hier à volonté, sur sa violation des droits humains par l'exposition de populations civiles à une menace qui ne s'est guère éteinte avec l'entrée en vigueur de l'accord sur le cessez le feu en 1991. Il a été chargé aussi pour ses tergiversations dans le processus de règlement du conflit. Le combat du Front Polisario pour la libération des territoires sahraouis occupés par le Maroc prendra probablement un nouveau virage si le cinquième round des négociations de Manhasset (ville proche de New York) ne définit pas enfin les conditions idoines pour l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination, telles que recommandés par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, l'a clairement laissé entendre, lors d'un discours qu'il a fait, mardi à l'occasion de la commémoration du 35e anniversaire du déclenchement des affrontements armés contre l'Espagne. “Nous déclarons, aujourd'hui, que le peuple sahraoui n'acceptera aucun marchandage autour de ses droits nationaux sacrés et que son représentant unique et légitime, le Front Polisario, ne participera, ni aujourd'hui ni demain, à un processus dont l'objectif serait de contourner le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.” Le dirigeant sahraoui a exprimé son attachement à la paix, à condition que la communauté internationale – à sa tête le Maroc – reconnaisse “la réalité sahraouie comme une inévitable”. Rendant le gouvernement marocain responsable de la situation par l'envahissement d'une partie du Sahara occidental, en 1975 au moment du retrait des troupes espagnoles, il a appelé les citoyens marocains à agir pour instaurer la paix dans la région par l'indépendance du dernier peuple encore colonisé en Afrique. Le président de la RASD a appelé les Nations unies à accélérer le processus d'organisation d'un référendum sur l'autodétermination de son peuple. Il a incité le gouvernement espagnol, en présence de deux élus du Parlement national et quelques membres de Parlements régionaux espagnols, à “prendre une position claire et ferme en faveur du référendum d'autodétermination eu égard à sa responsabilité morale vis-à-vis du peuple sahraoui”. De notre envoyée spéciale à Tifariti (Sahara occidental) : SOUHILA HAMMADI