Pour rendre hommage au professeur Jean- Paul Grangaud, une conférence a été organisée hier par l'association Machaal Ech Chahid en collaboration avec le quotidien El Moudjahid sur la contribution des services sanitaires lors de la révolution nationale. Le Professeur Mohamed Toumi, responsable sanitaire de la wilaya II, a tracé les différentes phases qu'a vécues le personnel de la santé lors de la Guerre de libération. Selon le Dr Toumi, la période avant le congrès de la Soummam, c'est-à-dire entre 1954 et 1956, est la période la plus difficile qu'a connue l'ALN pour mettre à la disposition des moudjahidine des médecins afin qu'ils prennent en charge les blessés. Après la teneur du congrès de la Soummam qui est un point tournant dans l'organisation de la révolution, plusieurs entraves restaient encore infranchissables, a indiqué le Dr Toumi. Suite à la grève des étudiants du 19 mai 1956 qui était aussi un facteur déterminant en matière d'organisation, une autre phase attendait le personnel de la santé de l'ALN. Il a signalé qu'à partir de cette année, un nouveau renfort médical est arrivé et que des étudiants en médecine en troisième et quatrième année rejoignaient l'ALN. Lors de cette conférence, le professeur Lamine Khène, qui était aussi le premier responsable de l'organisation sanitaire de la wilaya II, a indiqué que le ralliement de nouveaux médecins au sein de l'organisation a donné un coup de souffle remarquable. Il a indiqué que le personnel médical a été organisé avec des moyens dérisoires et que le manque de médecins était un obstacle majeur. Il a tenu à rappeler que des étudiants ont arrêté leurs études pour rejoindre l'ALN. De son côté, le Dr Salah Rahmani, qui était médecin de la wilaya I, a indiqué que cette génération de médecins algériens est exemplaire, que ce soit sur le plan humain ou professionnel, en indiquant que la plupart d'entre eux étaient des étudiants à l'université de Montpellier. M. Rahmani a fait savoir que cette génération a participé d'une manière éminente à la création de plusieurs formations au sein des services sanitaires de l'ALN en indiquant que des sessions de formation ont été accordées aux bénévoles pour répondre aux demandes de l'ALN. Une infirmière de la Wilaya II, Mme Bengaboug, est intervenue pour témoigner de ce qu'elle a vécu au maquis lors de la révolution nationale, indiquant que plusieurs bénévoles, notamment des jeunes filles, ont rejoint les rangs de l'ALN pour contribuer aux besoins de l'ALN. Elle a indiqué que les femmes qui savaient écrire étaient destinées à faire des formations d'une courte durée et que les autres ont contribué en fabriquant des brancards pour transporter les blessés. Le professeur Grangaud a aussi pris la parole pour donner des détails sur le rôle important qu'a joué le personnel paramédical de l'ALN pendant la révolution. Il signalé que l'Algérie reste jusqu'à nos jours l'un des pays du monde qui a un personnel médical exceptionnel. Il a parlé également de son ralliement à l'ALN en indiquant que c'est par la voie du scoutisme qu'il a découvert la situation humanitaire que vivait l'Algérie lors de la période coloniale, ce qui l'a incité davantage à rejoindre l'ALN. Il a indiqué que l'engagement spécifique des médecins algériens durant la révolution était un fait unique en son genre au 20e siècle, ce qui a permis à l'Algérie d'arracher victorieusement son indépendance. Avant que la conférence ne prenne fin, un burnous et un drapeau algérien ont été remis au Professeur Grangaud comme geste de reconnaissance pour son implication dans la promotion et l'encadrement du secteur sanitaire en Algérie avant et après l'indépendance.