Il est indéniable que s'il y a un secteur qui connaît une forte progression en matière de développement des infrastructures, c'est bien celui du sport et de la jeunesse. Entre l'Algérie de 1962 et celle de 2013, un pas de géant a été fait en ce domaine. Celui qui doute de cela n'a qu'à faire un tour à travers l'Algérie pour voir toutes les réalisations effectuées, surtout dans le sport. On ne doit pas beaucoup se tromper en affirmant que l'Algérie doit être aujourd'hui l'un des premiers pays en Afrique en matière de stades et de salles omnisports. On peut même ajouter de piscines, puisqu'actuellement il se trouve un nombre incalculable de villes et villages possédant un chantier relatif à ce genre d'ouvrage. Il ne suffit, cependant, pas de dire que les constructions existent partout pour croire que tout va pour le mieux. Depuis qu'il a été nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, au mois de septembre dernier, M. Mohamed Tahmi a procédé à des visites d'inspection dans de nombreuses wilayas. Cela lui a permis de faire un premier et grand constat à savoir que si les chantiers sont bien là, ils avancent à l'allure d'un escargot. Vous aurez compris que ces chantiers souffrent d'un affligeant retard, une carence propre à notre pays quand on sait que quand un chantier de construction d'un édifice est lancé, on ne sait jamais quand il sera livré, les délais n'étant jamais respectés. Qui dit retard dit élévation du coût du projet puisque les prix des matériaux de construction pratiqués, au moment du démarrage du chantier, ne sont certainement pas ceux en application quelques années plus tard. Il leur arrive de connaître une hausse vertigineuse en deux ou trois ans. M. Tahmi ne manque pas de secouer tous ceux et celles qui ont la charge de ces projets lors de ses visites. Nous l'avons récemment suivi à Bouira et le moins que l'on puisse dire est qu'il s'est fait entendre, sommant les réalisateurs des projets à faire en sorte qu'ils soient livrés dans des délais respectables. Une petite piscine et des tonnes de béton Autre remarque, celle de voir des stades construits dans des zones où le développement sportif a peu de chance de se réaliser. Il y a quelques années de cela on avait inauguré à Ghardaïa un stade doté d'une des plus belles pistes d'athlétisme du pays. Problème : dans cette wilaya il n'existe pas de ligue d'athlétisme. Autrement dit on a installé une piste pour personne vu qu'il n'y a pas de licencié pour pouvoir l'utiliser. Cela n'est pas sans nous rappeler l'histoire de cette wilaya qui possédait un appareil destiné à la médecine exploratrice parmi les plus performants du pays mais cet outil est resté sans utilisation vu qu'il n'y avait pas sur place de médecin formé pour ce genre de travail. Il y a un peu plus de deux mois, le ministre de la Jeunesse et des Sports a visité le chantier du futur centre de regroupement des équipes nationales, situé à Souidania, à l'ouest de la capitale. Ce qu'il a, de suite, remarqué c'est que le centre allait être doté d'une piscine de 25 mètres, soit un bassin semi-olympique. La bévue était flagrante. Quelle idée de préparer des nageurs d'élite, ceux de l'équipe nationale appelés à disputer des compétitions mondiales, africaines, arabes et olympiques, dans une piscine de 25 mètres alors que la norme est de 50 mètres ! Renseignement pris sur place, nous avons appris qu'au départ il était prévu que l'on construise un bassin de 50 mètres avant de décider d'en faire un de 25 mètres seulement. Quand on va à Souidania ce qui saute aux yeux c'est que nous avons affaire à une sorte de complexe nautique qui n'en est pas un avec une petite piscine de 25 mètres cernée par des tonnes de béton puisque la salle comprend des tribunes dont on ne comprend pas l'utilité, la piscine en question ne servant qu'à la préparation et non à la compétition. Le même constat nous l'avons fait dans la wilaya de Bouira où la moindre piscine de 25 mètres est entourée de tribunes. Pour quel usage ? On ne le sait pas mais ce que l'on sait c'est qu'il s'agit d'argent mal investi car il aurait été plus utile dans un autre créneau. Cela, le ministre n'a pas manqué d'en faire référence. Pour revenir à Souidania, M. Tahmi a tenté de rattraper le coup en demandant de prévoir la construction d'un bassin aux normes olympiques. Tikjda et son stade Ce problème de la piscine de Souidania est à lier à celui du centre de préparation en altitude de Tikjda. Là-bas existe un stade doté d'une piste aux normes olympiques à Aswel à 6 kilomètres du centre principal d'hébergement. Ce stade est aujourd'hui dans un état d'abandon et ceux qui ont en charge le centre proposent de construire un autre stade avec une piste d'athlétisme à proximité des lieux d'hébergement. Il existe une contrainte de poids à ce projet à savoir que l'espace est si exigu qu'il est impossible que le stade et sa piste soient conformes à ce que préconisent les Fédérations sportives internationales. Si c'est pour mettre en œuvre un projet qui ne servira qu'aux sports de loisirs mieux vaut ne plus parler de centre de préparation sportive en altitude. D'autant que le nouveau stade sera situé à plus de 300 mètres en dessous du niveau d'Aswel. Nous avons rencontré, par ailleurs, à Tikjda, des athlètes qui nous ont fait la remarque que le centre était loin d'être réservé à l'élite sportive. Selon eux, il y aurait même priorité aux gens qui n'ont rien à voir avec le sport. M. Tahmi, certainement mis au courant de cette histoire, ne s'est pas gêné de dire devant tous les responsables du centre que ce sont les sportifs qui doivent bénéficier du maximum de leur attention et de leur priorité dans leur action. Le centre a, certes, besoin de ressources pour vivre et se développer mais cela ne doit pas se faire au détriment des athlètes. Ce ne sont là que quelques aperçus des réalisations faites dans le domaine du sport dans notre pays. Il y a à rectifier le tir car on ne peut continuer à inaugurer des chantiers dont les produits sont livrés avec des années de retard avec des coûts de réalisation extrêmement élevés par rapport aux données de départ. Et des produits qui ne répondent pas forcément aux attentes des fédérations sportives et de leurs athlètes. Selon ce que nous avons vu sur le terrain, M. Mohamed Tahmi a compris où se situait l'erreur et veut s'impliquer dans la démarche consistant à revoir certaines copies. L'enjeu est de taille car des résistances il y en aura, mais il semble bien déterminé à bousculer ces habitudes qui nuisent tant à l'action de son secteur.