Rachid Seddiki nous a indiqué, hier, qu'il a été empêché de se rendre au sit-in organisé par la Fédération nationale de l'enseignement supérieur à Alger. Venu de la wilaya de Tizi Ouzou avec une délégation, il précisa que la police aurait exercé «un chantage» en réquisitionnant les papiers du conducteur de bus, le menaçant de mettre en fourrière son véhicule et en conditionnant la remise de ses papiers au demi-tour immédiat des travailleurs venus participer au sit-in.Selon lui, la police aurait escorté leur bus jusqu'à la sortie d'Alger. Le Temps d'Algérie : Au-delà des grèves cycliques, projetez-vous de mener d'autres actions plus radicales puisque votre combat n'a pas abouti ? Rachid Seddiki : Il est vrai que nous avons mené de nombreuses mobilisations. Le sit-in d'aujourd'hui (hier) en est une belle illustration même si je n'ai pu y participer. Nous avons décidé, dans un premier temps, d'entamer un nouveau cycle de grève du 21 au 25 avril. Dans notre secteur, cela faisait longtemps que nous n'avions pas été à la tête d'une telle initiative. Toutefois, et je tiens à le souligner, si la tutelle refuse encore une fois de prendre en charge nos revendications, nous lui répondrons en durcissant notre mouvement. Justement, vous allez de grève en grève, tout en laissant beaucoup de temps à la tutelle pour vous répondre. Pour le moment, cette stratégie n'a pas porté ses fruits. Ne craignez-vous pas que votre base se radicalise et qu'elle vous ôte son soutien ? Il est exact que nous avons suivi les instructions de notre secrétaire général qui souhaitait que nous laissions du temps à notre tutelle afin qu'elle examine nos revendications à de nombreuses reprises. Toutefois, il est vrai que notre base commence à s'impatienter et qu'elle nous le fait savoir. Le risque que notre base nous déborde n'est pas une utopie. C'est pour cela que nous avons décidé de prendre les devants et de ne plus exclure l'option de grève illimitée. Je tiens à dire que même si notre secrétaire général n'est pas d'accord avec une telle démarche, nous ne pourrons que nous démarquer de notre syndicat car nous comprenons les attentes de nos militants et nous ne pouvons que prendre nos responsabilités. Les travailleurs sont conscients que les autres corps de l'enseignement supérieur ont obtenu des acquis. Nous ne pouvons plus cautionner cette marginalisation. Le conseil national a d'ailleurs débattu de cette question il y a peu de temps et nous sommes d'accord pour la considérer. Des syndicats ont créé la Confédération des syndicats autonomes, pourriez-vous adhérer à cette démarche ? Il est vrai que si un syndicat n'arrive pas à œuvrer seul et à arracher des acquis, une confédération peut être la solution. Toutefois, je ne suis pas en mesure de vous dire si le Snapap pourrait adhérer ou non à une telle démarche. Pourquoi la tutelle refuse de prendre en charge vos revendications ? Est-ce par mépris pour votre corps ou y a-t-il une autre raison ? Pour moi, il s'agit tout bonnement de mépris vis-à-vis des corps communs, sinon comment expliquer que les autres catégories aient obtenu gain de cause. Je vais vous donner un exemple qui illustre ce dénigrement. Au sein de notre secteur, des quotas de logements sont attribués tous les deux à trois ans. A l'accoutumée, le quota se réparti comme suit : 60% pour les enseignants et 40% pour les ATS (personnel de l'administration, du technique et des services). Actuellement, le quota a été revu et 100% des logements sont octroyés aux enseignants. Lors de notre réunion avec le conseiller du ministre de l'Enseignement supérieur, en février dernier, nous lui avions fait part de cette injustice et il a été très hautain avec nous, nous signifiant que ces logements étaient de haut standing et que, par conséquent, nous n'ouvrions pas droit à ce quota. C'est du mépris. En plus, il nous a fait savoir que cette injustice découle d'une instruction du président de la République en personne. Puisque c'est notre président aussi pourquoi nous marginaliser ? Notre tutelle reçoit régulièrement des syndicats mais elle refuse de signer un PV de réunion. Qu'est-ce que cela signifie ? Ne sommes-nous pas un partenaire social ? Pour moi, tout ceci est très grave. J'espère que notre tutelle va corriger le tir sous peine d'avoir plus de visibilité dans notre capacité d'action.