Plusieurs sections syndicales du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) se sont réunies hier pour évaluer les résultats qui ont découlé de la rencontre ayant regroupé lundi le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la direction du CNES. L'USTHB, une université qui regroupe un grand nombre d'étudiants et d'enseignants, reste toujours paralysée, à l'instar de celle de Blida, de Boumerdès, de Constantine, de Sidi Bel Abbès... Les assemblées générales tenues hier par les sections CNES de ces universités ont exprimé leur détermination à rester en grève jusqu'à la levée des poursuites judiciaires et la satisfaction des revendications des enseignants. Les responsables de la section CNES-USTHB considèrent qu'à l'exception de l'annonce de la signature par le chef du gouvernement d'un décret sur les logements conventionnés, qui ne fait que réparer une injustice envers les enseignants en les rétablissant dans leurs droits de citoyen, Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, a confirmé son refus d'accéder à la demande des enseignants pour une démocratisation de la gestion pédagogique et scientifique à l'université. Les propos du ministre de tutelle n'apportent rien de nouveau, selon les animateurs du mouvement de grève, puisque les autres revendications portées par les enseignants en grève n'ont pas été satisfaites. Les grévistes accusent le ministre de « menteur », lorsqu'il nie être l'auteur de la plainte déposée contre les animateurs du mouvement de débrayage. « Nous avons enregistré avec regret le fait que le ministre n'a pas voulu retirer sa plainte, geste d'apaisement que la raison et la sagesse pourtant dicteraient en pareille circonstance », lancent les représentants du CNES qui considèrent cette démarche « comme une volonté de laisser planer une menace judiciaire et policière sur les enseignants, d'autant plus que les dérives constatées comme à Blida et Constantine dénotent d'une politique de mise au pas des enseignants en grève et de leur syndicat ». Les enseignants en grève mettent en garde ceux qui sous-estiment le mouvement de débrayage qui affecte depuis 39 jours 12 universités et 7 centres universitaires, écoles et instituts d'enseignement supérieur. Les représentants du CNES (en grève) considèrent qu'il est temps pour les pouvoirs publics de prendre conscience que les interlocuteurs choisis par le ministre n'ont aucune représentativité, ce qui les rend incapables d'influer sur le mouvement national de grève. Les enseignants réunis à l'USTHB rappellent que cette situation ne peut connaître un dénouement que par la prise en charge sérieuse et concrète des revendications socioprofessionnelles des enseignants en grève et le préalable de la levée des poursuites judiciaires contre les représentants du CNES. Les enseignants de Blida abondent dans le même sens. Pour eux, la recherche de la sérénité à l'université exige du ministre de tutelle qu'il agisse avec raison, qu'il rompe avec le mépris et la volonté de vouloir domestiquer le mouvement national de revendications, qu'il ouvre des négociations avec les coordinateurs mandatés, qu'il instruise les chefs d'établissement à cesser de presser et d'humilier les étudiants. Ainsi, pour les enseignants, « l'intervention de M. Harraoubia nous a ramenés à la case départ. Nous lui suggérons de ne plus tenir en haleine l'opinion publique, légitimement préoccupée par la situation, sans apporter des réponses précises, quantifiées, situées dans le temps et discutées avec les authentiques représentants du CNES ».