Les législatives finies, la protestation reprend de plus belle dans plusieurs secteurs après une certaine accalmie enregistrée à l'approche du scrutin. Plusieurs dossiers sont en attente. Les membres du gouvernement font face à un front social en ébullition depuis quelque temps et doivent apporter des solutions concrètes aux préoccupations pressantes exprimées dans plusieurs secteurs. L 'été risque d'être encore plus «chaud» avec les mouvements de protestation qui se propagent. Outre le secteur de la santé qui est sur une véritable poudrière avec la montée au créneau de plusieurs syndicats et la grève illimitée des spécialistes enclenchée depuis le 29 avril dernier, l'éducation vit un véritable malaise avec le mouvement de protestation continu mené par l'Unpef. Cette action, décrétée au lendemain de l'adoption par le ministère de la nouvelle mouture du statut particulier des travailleurs de l'éducation, avait été gelée à la veille des législatives. Aujourd'hui, elle «perturbe» la préparation des examens de fin d'année. En effet, des directeurs et des censeurs de lycée, encadrés dans la commission affiliée à l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), ont organisé, hier, un sit-in pour dénoncer les «dispositions discriminatoires» contenues dans le statut, dont l'amendement proposé par le département de Benbouzid «consacre les disparités entre les enseignants et les autres catégories de travailleurs du même secteur». Brandissant des revendications liées à leur promotion et au rétablissement de la prime de responsabilité, le comité des directeurs et des censeurs des lycées boycotte toutes les activités administratives. Seule l'organisation des examens est actuellement maintenue, selon le syndicat. Et d'ajouter : «Notre action est claire. Nous ne voulons pas porter préjudice aux candidats aux examens, mais nous procéderons à la rétention des résultats de ces mêmes examens.» Le spectre du boycott brandi «Nous boycotterons le conseil d'orientation et l'affichage des résultats», explique Benbarghout Noui, président du comité susmentionné. Le message est donc clair : «Nous sommes disposés à laisser se dérouler toutes les étapes des examens, mais si la tutelle campe sur ses positions - refuser d'examiner nos préoccupations - ce sera la prochaine rentrée scolaire qui sera compromise», menace le syndicaliste. L'Unpef, qui compte dans ses rangs des adjoints de l'éducation et les corps communs de l'éducation, se présente donc comme le représentant «des oubliés du secteur lésés par le statut». Le secteur de l'enseignement supérieur a vu aussi plusieurs mouvements de protestation. Pour la journée d'hier seulement, les travailleurs du secteur ont interpellé le ministre de tutelle, Rachid Harraoubia, en organisant deux actions de protestation : un sit-in a été observé devant le siège de la tutelle par les représentants du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (SESS) de la wilaya de Boumerdès. Représenté aussi à l'université de Blida et à l'Institut national de l'agronomie (INA) à Alger, le syndicat a transmis les préoccupations socioprofessionnelles des enseignants de l'université de Boumerdès. Ces derniers exigent des explications concernant le quota de logements qui leur a été attribué, depuis des années, «mais sans aucune trace sur le terrain». «Nous avons revendiqué des logements de fonction ou un quota de logements sociaux ou participatifs, mais nous constatons auprès de la wilaya que les promesses ne sont pas en voie de concrétisation», constate Abdelaziz Arab, coordonnateur de la région Centre, du SESS. Ce syndicat compte tenir un autre rassemblement le 20 mai et menace de recourir à une grève illimitée à partir de la même date. Dans la plateforme de revendications communiquée hier, le syndicat réclame des solutions aux problèmes liés au «blocage des commissions paritaires concernant, notamment, la promotion des enseignants». De leur côté, les travailleurs des résidences universitaires sont à leur troisième jour de grève, qu'ils observent dans les cités U dans 14 wilayas. Les prestations liées à la restauration, au service administratif et à la bibliothèque ont été gelées. «Il n'y a que les travailleurs de la sécurité qui ont assuré leur service», indique Mohamed Tidjetam, membre de la section de la cité U de Hydra-Centre, de l'Union des travailleurs des œuvres universitaires affiliée à l'UGTA. Le syndicat réclame l'application des augmentations des salaires, sachant que des effectifs sont contractuels depuis plus de six ans et touchent 14 000 DA par mois et dénonce aussi le blocage des rappels des augmentations de salaire décidées en 2008.