Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a affirmé que la position de la France dans le conflit du Sahara occidental demeurait confuse et méritait d'«être clarifiée», estimant que les principes de la démocratie, des droits de l'homme et du droit à l'autodétermination ne peuvent faire l'objet de «marchandage». (...) «Nous aurions aimé qu'il (François Hollande) nomme les choses par leur nom. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés (principes de démocratie, des droits de l'homme et du droit à l'autodétermination des peuples)», a déclaré le président sahraoui hier dans un entretien à l'APS, soutenant que «la France doit être plus claire à ces sujets». Il a toutefois estimé qu'il existait un changement «positif» dans la position de la France, dans la mesure, a-t-il précisé, où le président Hollande avait insisté, lors de son intervention du 4 avril au Parlement marocain, sur la nécessité de résoudre le conflit du Sahara occidental. En février, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohammed Salem Ould Salek, avait dénoncé, dans une conférence de presse à Alger, le «deux poids deux mesures» de la France. «La France défend le Mali dont l'intégrité territoriale est menacée alors qu'elle nie ce droit au peuple sahraoui», avait-il estimé, regrettant la complaisance française à l'égard du Maroc. «La France joue un grand rôle dans l'évolution de la situation dans la région, nous espérons d'elle un rôle positif qui aura des répercussions positives sur ses intérêts et ses relations avec les pays de la région», avait-il déclaré. Baisse de l'aide humanitaire Mais pour l'heure, ni la position de la France n'a changé, ni la situation dans les territoires sahraouis ne s'est améliorée. A ce propos, le premier responsable du Front Polisario a déploré les «répercussions négatives» de la crise économique mondiale sur le volume des aides alimentaires. Il a adressé, dans ce sens, un appel «pressant» à la communauté internationale à prendre en considération les conditions pénibles dans lesquelles évoluent les réfugiés sahraouis ainsi qu'à faire pression sur le Maroc, en vue de faire cesser les souffrances du peuple sahraoui, car au final, a-t-il dit, la solution ne peut être que politique à travers un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Il a tenu à cette occasion à «réitérer» ses remerciements à l'Algérie qui a fourni «une aide précieuse», depuis de longues années. «Cette aide a beaucoup soutenu les Sahraouis dans leur épreuve». Egalement interrogé par l'APS sur la lettre adressée récemment par ses soins au roi du Maroc, l'interpellant sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés, le président sahraoui a relevé que «la majorité des organisations internationales, continentales et régionales ont souligné, ces deux derniers mois, l'atrocité des violations commises à l'encontre des populations sahraouies des territoires occupés». Le Maroc accablé Il a cité, à cet égard, les rapports de Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la Délégation onusienne aux droits de l'homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme et la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. Rappelant que le Maroc est assis sur un «royaume» de drogue, M. Abdelaziz a indiqué que ce pays «est l'un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel» et qu'il était «derrière de nombreuses affaires de crime organisé». «Ceci est devenu une réalité et toutes les velléités d'impliquer le Front Polisario dans ces actes sont caduques, vouées à l'échec et tendent surtout à faire occulter la réalité que le Maroc encourage les organisations terroristes à commercialiser la drogue et à entreprendre des enlèvements en vue de bénéficier de rançons», a-t-il soutenu. Le président sahraoui a réitéré son soutien à la position algérienne. «A chaque fois que le Maroc est acculé et mis devant ses responsabilités vis-à-vis du conflit avec le Sahara occidental, il tente de faire de l'Algérie un bouc émissaire en l'accusant d'être à l'origine de la non-résolution du conflit. En vérité, l'Algérie a de tout temps eu une position claire en prônant la décolonisation de notre territoire et en soutenant le droit de notre peuple à l'autodétermination», a-t-il ajouté, précisant que «l'Algérie est aussi victime de la politique expansionniste du Maroc et nous dénonçons les tentatives marocaines d'impliquer l'Algérie dans ce conflit, qui sont en réalité des tentatives d'occulter la réalité et une fuite en avant».