Des progrès ont été réalisés en Algérie dans les domaines de la liberté de la presse et de l'émancipation politique des femmes mais des insuffisances persistent dans le secteur de la justice, notamment en matière de détentions préventives prolongées. C'est le département d'Etat américain qui le dit dans un rapport publié vendredi. Certains pourraient s'en réjouir. Le rapport mondial est plutôt «positif» concernant l'Algérie. Le département d'Etat y a abordé les libertés civiles, les droits politiques, la lutte contre la corruption, les droits des femmes et les droits des travailleurs. S'agissant de l'Algérie, le rapport souligne qu'en ce qui concerne la liberté de la presse, les journalistes ainsi que les caricaturistes algériens «critiquent régulièrement le gouvernement», tandis que les partis politiques, «y compris ceux de tendance islamiste, ont accès à la presse indépendante dans laquelle ils expriment leurs opinions». Les partis d'opposition, poursuit-il, peuvent également «diffuser des informations par internet et publier des communiqués. Cependant, note le rapport, les journalistes «expriment leur frustration quant aux difficultés d'accéder aux informations auprès des responsables du gouvernement». Des journalistes algériens, notamment du quotidien arabophone Al Khabar et du quotidien francophone la Tribune ont d'ailleurs fait part du manque de communication institutionnelle et de la difficulté d'accéder aux sources d'information, dans l'émission en direct «Hiwar Essaâ», le 31 mars dernier, sur la Télévision nationale. Le département d'Etat signale également qu'«aucun cas d'ingérence du gouvernement n'a eu lieu en matière d'édition et de publication des livres au cours de l'année 2012». La justice à la traîne Abordant les actions pour élargir la liberté de la presse, le rapport américain note que le gouvernement algérien «a mis fin à son monopole sur les médias audiovisuels en septembre 2011, et a adopté une loi autorisant les sociétés de médias privés d'accéder aux ondes de radio et de télévision». En évoquant les élections législatives et locales tenues l'année dernière, le département de John Kerry affirme que des dizaines de nouveaux partis ont aussi participé aux élections législatives tenues le 10 mai 2012, tandis que «500 observateurs internationaux venant, entre autres, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, du National Democratic Institute et du Centre Carter, ont surveillé le vote et ont évalué ce processus comme étant généralement favorable». Le rapport indique également que l'opposition bénéficie de la liberté d'exercer ses droits politiques, ajoutant qu'en 2012, «il n'y a eu aucun cas de violence ou d'ingérence du gouvernement à l'encontre de l'opposition politique pour s'organiser ou se présenter aux élections». Dans le secteur de la justice, le rapport souligne que «la détention préventive prolongée demeure un problème grave». Par ailleurs, le rapport souligne que la loi algérienne prévoit le droit de grève et que «les travailleurs exercent ce droit, sous réserve de certaines conditions». Abordant le secteur de l'éducation, il souligne que l'enseignement est gratuit, obligatoire et universel, et que «le traitement pour les filles et les garçons étant égal dans tout le système éducatif». Forte présence des femmes Quant à l'émancipation des femmes, le département d'Etat souligne que «la loi algérienne exige que le gouvernement promeuve les droits politiques des femmes en encourageant leur représentation accrue dans les assemblées élues». Dans ce sens, a-t-il observé, «une nouvelle loi entrée en vigueur en janvier 2012 exige que 30% des candidats sur les listes électorales soient des femmes». En application de cette disposition, ajoute-t-il, «sur l'ensemble des 462 élus à l'Assemblée populaire nationale, 147 sont des femmes, ce qui a augmenté leur taux de représentation à 31% en 2012, contre 8% en 2007». Faisant référence aux statistiques de 2010, le rapport note que les femmes représentent 55% de la profession médicale, 60% des professionnels des médias, 30% dans les fonctions supérieures du secteur de la justice, 36% des magistrats, et plus de 60% dans le secteur de l'éducation. Sur les neuf millions de travailleurs à l'échelle nationale, deux millions sont des femmes, souligne le département d'Etat qui précise que «les femmes peuvent être chefs d'entreprises et poursuivre des carrières similaires à celles des hommes». On s'interroge toutefois sur les sources d'informations et la façon de faire du département d'Etat américain afin d'élaborer son rapport. Selon des câbles Wikileaks, l'ambassade américaine à Alger entretient des rapports réguliers avec certains membres de la presse et de la société civile algérienne. Il est à noter que les différents câbles diplomatiques montrent la non diversification des sources d'information sur lesquelles se basent les Américains. Aussi, l'on se permet de s'interroger sur l'utilité d'un tel rapport où il est essentiellement fait l'évaluation de la situation dans des pays du Sud. Dans ce sens, le président vénézuélien fraîchement élu a déclaré ne pas prendre en considération l'avis étatsunien, après la reconnaissance par Washington des résultats du scrutin.