Le docteur Mamdouh Djabir est le frère aîné du général Toufik Djabir, chef de la police de Hamas à Ghaza, qui a été tué lors la première attaque israélienne ciblant le quartier général de la police palestinienne dans cette ville. Pourriez-vous nous donner une idée de l'état psychique des enfants de Ghaza après le drame causé par l'agression israélienne ? L'enfance palestinienne vit une situation singulière et unique en son genre. La cellule familiale est généralement est généralement sur l'aspect affectif. Une sorte de formation pédagogique pour l'évolution de l'enfant d'une manière générale. Mais en Palestine la situation est très différente. L'enfance est le fondement de l'avenir des générations, mais en Palestine l'enfant naît homme. On relève une situation déséquilibrée dans la manière de traiter l'enfance palestinienne. Concernant la période après-guerre, on relève des séquelles résultant de la destruction et de la torture que subit l'enfant. Cette pression se reflète sur le comportement des enfants palestiniens, notamment sur le plan relationnel. Cette violence caractérise sa relation avec ses amis, ses parents et ses frères. L'enfant souffre également de la violence corporelle qu'il subit quotidiennement. On remarque des comportements bizarres qui se manifestent par moments. A cet effet, cette frange a besoin de l'aide de spécialistes pour lui permettre d'atteindre un certain niveau d'équilibre psychique. Quels sont les types de comportement observés chez l'enfant palestinien ? C'est très difficile de décrire d'une manière profonde l'état psychique de l'enfant palestinien. Franchement, on ne peut pas demander à un enfant qui vit dans un milieu complètement détruit d'être un enfant équilibré. Cet enfant est né dans une situation violente, il se conduit d'une manière agressive et il trouve que la violence comme moyen de s'imposer. On peut parler d'une manière scientifique sur l'impact psychologique de la violence sur l'enfant. Actuellement, l'enfant vit un traumatisme psychique, car il a perdu ses amis, son école, ses parents et ses frères. Ce qui le fait plonger dans les ténèbres. Je suis convaincu qu'Israël récoltera les fruits de ses actes durant de longues années. Quel est l'apport de l'expérience des psychologues algériens sur la prise en charge de ces enfants ? En réalité, cette question contient trois volets : politique, populaire et psychologique. Du point de vue politique, on a une dualité spirituelle entre le peuple algérien et le peuple palestinien. Ces deux peuples ont deux symboles, à savoir Houari Boumediene et Yasser Arafat. Ces deux personnalités ont créé un échange humanitaire et fraternel entre les deux peuples. Les Palestiniens souffrent beaucoup des régimes politiques arabes, surtout les pays limitrophes, mais nous nous sentons chez nous quand on est en Algérie. Concernant la prise en charge psychologique, on a une dualité avec le centre de la Forem dirigé par le professeur Mustapha Khiati. Cette coopération date de dix ans. Je remercie le professeur Khiati pour son aide matérielle et scientifique, surtout en ce qui concerne la prise en charge des enfants palestiniens. Cependant, nous avons besoin d'une grande aide afin d'assister nos enfants à s'en sortir. A titre d'exemple, hier(29 janvier), on a refusé l'accès à Ghaza à une délégation parlementaire algérienne. Donc ce n'est pas facile pour les spécialistes en psychologie d'y accéder pour traiter les enfants. Toutefois, ici en Algérie, on a organisé des sessions traitant le thème du traumatisme psychique. On a organisé également des sessions d'étude sur les méthodes de lutte contre les stupéfiants. D'autant plus que nous vivons une situation très critique, car les autorités israéliennes «propagent» des stupéfiants dans les quartiers palestiniens. C'est un autre cas politique qui vise la destruction de la société palestinienne de l'intérieur. Les autorités israéliennes envoient les consommateurs de drogue aux frontières et font de manière à ce qu'ils consomment de la drogue sur le versant israélien pour que ces jeunes drogués restent toujours dépendants d'Israël. Cette situation crée des espions qui travaillent pour le compte d'Israël. Et le professeur Khiati a joué un rôle important dans la lutte contre la drogue en organisant des sessions de formation pour prendre en charge les drogués. Il nous a donné également une méthode de traitement de ces cas. Comment qualifiez-vous la réaction des organisations internationales, telles que l'Unicef, qui travaillent pour la protection de l'enfance ? L'Unicef ne peut pas donner grand-chose en ce moment, car les conséquences de la guerre sont encore présentes sur le terrain à Ghaza. Nous demandons aux organisations concernées par la protection de l'enfance et sa promotion à ce qu'elles jouent leur rôle convenablement, car nos enfants souffrent de traumatismes psychologiques très profonds. Tout cela peut se refléter sur leur comportement, eux qui ont besoin d'un ballon pour jouer, d'un parc d'attraction et d'une école. Ces infrastructures sont actuellement absentes à Ghaza. Nous lançons un appel également aux Algériens afin d'aider les clubs d'enfants dans la bande de Ghaza.