Une assemblée générale extraordinaire au niveau de la cour d'Alger se tiendra demain. Le bâtonnier national Me Lanouar Mustapha refuse de prendre part à ce conflit qui, selon lui, concerne uniquement la région d'Alger et le bâtonnier d'Alger. Le juge Hellali et trois autres de ses collègues déposent plainte auprès du bâtonnier national. Le syndicat des magistrats prépare un rapport à transmettre au ministre de la justice. Le conflit avocats-magistrats se radicalise. La relation magistrats-avocats traverse encore une fois une phase de turbulences. Cette relation de travail particulière de deux auxiliaires qui veillent au respect de l'égalité du justiciable devant la justice n'est pas toujours aisée. Les deux parties s'affrontent en véritable adversaires en l'absence d'un code de déontologie du corps des magistrats et d'un code de l'éthique de la profession d'avocat. Notons que le nombre important d'avocats comparé à celui des magistrats, les conditions de travail et la difficile gestion du temps ne favorisent pas la personnalisation et l'harmonie des relations. En pratique, l'avocat se demande si le magistrat devant lequel il se trouve est le bon professionnel pour les spécificités de son dossier, s'il disposera réellement du temps nécessaire pour l'étudier et s'interroge sur la solidité de la motivation du magistrat… Pour le magistrat, l'avocat n'est mué trop souvent que par l'argent. Ainsi, la journée de protestation intervenue suite à l'appel lancé par l'Ordre des avocats du barreau d'Alger, dimanche dernier, a ravivé la rivalité entre les magistrats et les robes noires. Pour Me Sellini Abdelmadjid, bâtonnier d'Alger, «cette mesure a été prise à cause du mutisme observé par les responsables et leur manque de sérieux pour résoudre le problème de la défense au niveau de nos tribunaux». Il ajoutera : «La décision du boycott des audiences vient en réponse aux dépassements et intimidations que les avocats rencontrent au quotidien». Aussi, le bâtonnier d'Alger nie avoir accusé le juge Hellali de corruption durant l'audience du jeudi dernier en affirmant avoir subi des offensives qui l'ont énervé et pour cela, l'assemblée extraordinaire de mercredi sera l'occasion de débattre et d'examiner la détérioration de la situation des droits de la défense ainsi que les pressions exercées par les magistrats. Ces derniers, par le biais de leur syndicat, comptent aller plus loin et déposer une requête chez le bâtonnier national, Me Mustapha Lanouar qui, rencontré hier au niveau de la cour de Constantine, a précisé que «c'est un problème qui concerne Alger et son bâtonnier» ; quant à une éventuelle intervention, «elle se fera si la situation nécessitait une concertation», affirmant qu'il n'y aura pas d'assemblée extraordinaire au niveau de la cour de Constantine. Il y a lieu de préciser que le président du syndicat des magistrats, Me Aidouni Djamel, a déclaré avoir écouté lui-même les juges impliqués dans cette affaire et qu'un rapport détaillé de l'incident sera transmis au ministre de la Justice. «Ce sont des agissements irresponsables et nous n'allons pas nous taire», a-t-il indiqué.