L'ancien capitaine de l'EN, Yazid Mansouri, continue de s'investir dans le football après une carrière riche en émotions. Capitaine exemplaire d'une génération au parcours atypique, avec en point d'orgue cette brillante qualification à la Coupe du monde 2010 ainsi qu'une demi-finale de CAN, la même année, l'ancien joueur de Lorient a rejoint récemment le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football. Formé en France, au Havre, vous n'avez pas hésité à répondre favorablement à l'appel de l'équipe algérienne, et c'est symboliquement lors du fameux France-Algérie de 2001 que votre histoire avec les fennecs a débuté. Pouvez-vous partager avec nous les souvenirs de cette première sélection ? Comme vous l'avez signalé, après un parcours en formation au Havre, j'ai rejoint l'équipe nationale assez tôt. A l'époque, le sélectionneur était Rabah Madjer et ce match France-Algérie venait ponctuer une série de matchs amicaux. Malgré la grande fierté et la joie que m'a procurées cette première sélection, mon sentiment reste mitigé vu les fâcheux incidents qui ont forcément gâché le spectacle. Vous êtes devenu, depuis, le capitaine emblématique de cette génération qui est entrée dans l'histoire du football algérien en qualifiant la sélection à sa troisième Coupe du monde. Quel évènement de cette épopée sportive et humaine vous a le plus marqué ? Parmi tous ces souvenirs inoubliables, le plus marquant reste incontestablement notre retour à l'aéroport d'Alger, après le match de soutien remporté au Soudan. Une véritable marée humaine nous attendait. Les supporters ont même comparé ce moment à l'indépendance. La fierté était immense, faire sortir tout un peuple dans les rues pour fêter ensemble cette qualification reste un moment fort, unique, bouleversant… Avant d'arriver à cette consécration, les Fennecs ont tout de même connu un certain nombre de désillusions, quel est votre plus grand regret ? Je pense surtout au match perdu à domicile contre la Guinée, pour les éliminatoires de la CAN 2008 (défaite 2-0). Dans un stade 5 juillet plein à craquer, nous avions loupé la qualification devant un public qui attendait beaucoup de nous et la désillusion était grande. J'ai également en tête le match perdu en quart de final de la CAN 2004 contre le Maroc, même si la déception était moindre. Pour le reste je ne regrette pas grand-chose. Après ces bons résultats, l'Algérie n'est pas parvenue à se qualifier à la Coupe d'Afrique 2012, comment expliquez-vous ce manque de régularité récurrent ? C'est vrai que malheureusement le manque est cruel à ce niveau. Un manque de régularité, de stabilité et de continuité, qui explique en partie des performances en dents de scie. C'est malheureux… Mais je pense qu'actuellement les choses évoluent positivement. Le coach en place a un projet à moyen terme. A la fédération de le laisser travailler afin d'assurer cette régularité dont l'équipe a besoin. Jouer une compétition sur deux, ça fait un peu désordre et c'est sur ce besoin de stabilité qu'il faut insister. Revenons justement sur la participation de l'Algérie à la CAN 2013. Comment avez-vous jugé la prestation du groupe de Vahid Hallilodzic, emmené notamment par de jeunes joueurs comme Sofiane Feghouli (23 ans) ? A mon avis, la difficulté du groupe a beaucoup joué. Au-delà de ce facteur, une CAN reste une compétition où il faut un minimum d'expérience. Les joueurs étaient un peu en découverte, et c'est ce qui a fait défaut à cette équipe en devenir. Le groupe a énormément de talent, sûrement plus qu'à notre époque. On a vu de bonnes choses mais aussi de moins bonnes et il faut se servir de ça pour grandir et évoluer positivement. Les joueurs en place ont de belles choses à prouver lors des prochaines échéances. Au vu du calendrier difficile qui attend les Fennecs, (déplacements au Bénin puis au Rwanda) comment évaluez-vous les chances de l'Algérie ? C'est vrai que les deux matchs qui arrivent sont très importants, et l'enjeu sera capital avec une qualification à la clé. Le fait que cette équipe ne dispose que de très peu d'expérience mais surtout que ses matchs se jouent en fin de saison, avec des organismes amoindris par la saison écoulée, peut jouer en défaveur de l'Algérie. Le groupe est capable de relever ce défi, mais la mission reste difficile. Lorsque vous étiez capitaine, quel discours teniez-vous pour encadrer les jeunes joueurs durant ce genre de déplacements périlleux ? Je pense que le plus gros de la communication passait par des petites phrases qu'on échangeait en dehors des entraînements et pas forcément sur de gros discours. De bon moments passés ensembles à discuter, se motiver, nous permettaient de prendre confiance et de ne pas perdre de vue nos objectifs. La devise était la suivante : Tout donner pour ne rien regretter. Peu importe le résultat, le plus important est de tout donner et de mouiller le maillot de notre nation. Revenons à votre actualité, étroitement liée à la sélection algérienne, étant donné que vous êtes désormais membre du bureau fédéral de la fédération. Comment est intervenue cette décision de vous investir de nouveau pour le football algérien ? J'aime mon pays, pour lequel j'ai joué pendant presque dix ans, donc à partir de là, chaque occasion d'aider l'Algérie est un privilège. Suite à la réélection de M. Raouraoua, ce dernier m'a proposé de participer à son projet. J'ai tout de suite accepté. Passer de l'autre côté du terrain est quelque chose de passionnant et j'apprends de jour en jour. Une chose est sûre, lorsqu'il s'agit de mon pays, aucun calcul n'est possible et on essaye d'apporter le meilleur pour parvenir à une progression constante et permanente de nos équipes nationales. Peut-on en savoir plus sur le rôle que vous allez jouer au sein de la fédération ? Le chantier principal reste la remise à niveau de la formation en Algérie. On est assez loin de la qualité des centres européens et nous souhaitons donc nous inspirer de ce qui se passe en Europe. Visite des infrastructures, centres de formation, étude des méthodes de travail, nous irons directement sur place. Me concernant, je compte apporter mon expérience acquise en centre de formation du Havre, qui reste un des meilleurs de France, et ce, afin de dégager une stratégie de formation cohérente. La deuxième mission concerne la prospection de jeunes talents. Il s'agira de rendre visite aux joueurs prometteurs, étudier leur évolution afin de les proposer en équipes de jeunes catégories, parfois même en A si le joueur est susceptible d'apporter un plus. Le dernier mot reviendra bien entendu aux différents sélectionneurs. Votre dernière expérience de footballeur vous a amené à découvrir la première division algérienne, avec le CS Constantine, quel regard portez-vous sur le niveau du championnat algérien ? Techniquement parlant il y a pas mal de talents. Par contre, au niveau des bases de formation les carences sont importantes et flagrantes. C'est sur ce point qu'il faut insister surtout au niveau de la tactique et de l'hygiène de vie. Je trouve dommage de ne pas utiliser ce fort potentiel local en négligeant la formation. On passe à côté de quelque chose… Yazid, vous semblez vouloir vous investir pleinement dans l'encadrement technique. Aimeriez-vous, un jour, devenir entraîneur ? J'y pense… Cependant c'est un projet qui m'intéressera peut-être un peu plus tard. Pour le moment je préfère prendre du recul, apprendre, et me concentrer sur mes missions. Peut-être que dans quelques années je serais mieux disposé à entraîner mais pas pour le moment.