Déjà modèle de gestion économique, le Bayern Munich s'est montré digne d'un futur maître du football européen en surclassant le Barça (4-0), comme il ne l'avait plus été depuis 15 ans, mardi en demi-finale aller de la Ligue des champions. "Je n'ai jamais vécu une telle soirée. C'est comme un rêve", avouait un des dirigeants du club bavarois, Karl Heinz Rummenigge, impressionné comme tout le monde par la punition infligée à la référence des années 2000, grâce à une prestation collective du plus haut niveau. Comme contre la Juve (2-0 à l'aller comme au retour) au tour précédent, l'équipe de Jupp Heynckes a brillé par la qualité de son travail collectif, un bloc d'une solidarité exemplaire qui a rendu stérile le jeu de passes des Xavi, Iniesta et d'un Messi fantomatique pour son retour de blessure. On retiendra comme chevilles ouvrières du collectif un Franck Ribéry presque plus en vue pour son travail défensif qu'offensif, et un Javi Martinez, particulièrement motivé pour aller chercher sa première victoire sur le Barça après 15 échecs sous les couleurs de l'Athletic Bilbao. "Football extraordinaire" "Mon équipe joue un football extraordinaire cette saison et elle est affamée, salive Heynckes. La clé du match était la défense tout en alliant puissance et créativité en attaque". Pour les "créatifs", on peut citer un Thomas Müller au sommet de son art, auteur d'un doublé pour porter à 7 son total en C1, et un Arjen Robben qui avait retrouvé le jus et le jeu de ses belles années, sans oublier l'inévitable Mario Gomez. Véritable rouleau compresseur, le cru 2012-13 du Bayern réalise une saison parfaite qui restera dans les annales. Toutes compétitions confondues, il n'a concédé que trois défaites en 47 matches depuis le début de saison, inscrivant la bagatelle de 134 buts pour seulement 27 concédés! Avec la possibilité d'offrir à l'Allemagne son premier triplé (Bundesliga-coupe nationale-Ligue des champions), le groupe de Jupp Heynckes fait pâlir ses glorieux prédécesseurs, comme la machine à gagner des années 1970 avec le trio Gerd Müller, Franz Beckenbauer et Sepp Maier. Avant même la fin de la saison, le Bayern a enrichi son effectif en s'offrant Götze, le petit génie de Dortmund et du football germanique, répondant à un souhait du futur coach Pep Guardiola. Et ce n'est probablement pas fini puisque les spécialistes parlent déjà d'une possible arrivée du buteur polonais Robert Lewandowski, le meilleur artificier de la Bundesliga sous les couleurs de Dortmund. Cartons jaunes et Hoeness Le Bayern peut se le permettre, lui qui va présenter sans le moindre doute un nouveau chiffre d'affaires record après les 332,2 millions d'euros de la saison 2011/12 bouclée sans trophée. Seules ombres au tableau: les six joueurs frappés d'un carton jaune, Lahm, Schweinsteiger, Martinez, Gomez, Dante et Gustavo, et l'impact de l'affaire Hoeness, le président-papa du club au centre d'une affaire de fraude fiscale. Sportivement, le coach a un tel banc qu'il peut parfaitement éviter le risque de priver des joueurs-clé de la finale, qui plus est avec un avantage de 4-0 avant le match retour au Camp Nou. Et l'affaire Hoeness ? "L'équipe n'a pas été influencée samedi dernier (6-1 à Hanovre) alors que les joueurs étaient déjà au courant, pas plus que contre Barcelone. Je n'ai aucune crainte de ce côté là", a affirmé Rummenigge, soulignant qu'il "n'imaginait pas un Bayern sans Hoeness".