L'ambassadeur du Maroc à Paris a été interpellé par un député français sur la situation de détenus politiques en grève de la faim dans des prisons du Royaume, ainsi que sur les interventions «répressives» de la police dans les universités du pays. Dans une lettre rendue publique vendredi, le député communiste Jean-Jacques Candelier, a dénoncé leurs conditions carcérales et demandé aux autorités marocaines leur libération, tout en affirmant soutenir les détenus politiques en grève de la faim dans les prisons du Maroc. Il a indiqué que des «vies sont en danger» et que des militants du changement radical au Maroc sont emprisonnés ». En grève de la faim depuis début mars pour certains, ceux-ci, a-t-il alerté, sont «torturés, maltraités, affaiblis, entassés avec les prisonniers de droit commun, dont certains relèvent de la psychiatrie dans des cellules étroites sans hygiène ni aération». Le député français signale, en se basant sur le témoignage de proches et le Comité marocain en France, que deux détenus ont été transférés à l'hôpital de Taza dans un «état critique » et que « très affaiblis, ils ont perdu 20kg». «D'autres détenus politiques à Tanger ont décidé d'observer la grève de la faim à partir du 1er mai pour dénoncer le motif de leur détention, leurs conditions de vie et pour soutenir les grévistes de la faim dans les prisons de Taza, Fès ou encore Meknès », a-t-il ajouté. Pour le Parlementaire, c'est dans le cadre de « l'impératif de justice que doit être examinée la question de la libération des détenus politiques au Maroc, notamment les grévistes de la faim dans les prisons de Taza, Fès, Meknès et Tanger ». Des associations marocaines des droits de l'Homme en Europe, membres du collectif Al-Haqiqa, avaient exprimé en avril dernier leur « inquiétude » quant à la situation carcérale et au traitement réservé aux prisonniers politiques grévistes de la faim dans le Royaume. Dans une lettre adressée au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, elles prévenaient que les situations de ces étudiants grévistes dans les geôles de Taza, Fès et Meknès, et appartenant à l'Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), sont « d'autant préoccupantes qu'ils ont entamé des grèves de la faim depuis le 3 mars pour les uns, les 11 et 26 mars pour les autres ». L'Association de défense des droits de l'Homme au Maroc a, de son côté, rappelé aux autorités marocaines leurs engagements en matière de respect des droits de l'Homme et qu'elles «doivent se conformer» aux recommandations du rapport de Juan E. Méndez, rapporteur spécial de l'ONU sur la torture après sa visite de septembre 2012, dans le Royaume. Dans un rapport officiel publié en octobre dernier, le Conseil marocain des droits de l'homme concédait que les détenus subissaient des « traitements cruels, inhumains ou dégradants» dans la plupart des prisons du pays.