Des associations marocaines des droits de l'Homme en Europe, membres du collectif Al-Haqiqa, ont exprimé lundi leur "inquiétude" quant à la situation carcérale et au traitement réservé aux prisonniers politiques grévistes de la faim dans le Royaume. Dans une lettre adressée au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, et dont l'APS a reçu une copie, elles préviennent que les situations de ces étudiants grévistes dans les geôles de Taza, Fès et Meknès, et appartenant à l'Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), sont "d'autant préoccupantes qu'ils ont entamé des grèves de la faim depuis le 3 mars pour les uns, les 11 et 26 mars pour les autres". "Leur santé se détériore de jour en jour et nous déplorons que les autorités pénitentiaires n'aient pas répondu favorablement à leurs revendications, pourtant simples et légitimes, les obligeant ainsi à choisir la grève de la faim comme ultime recours pour se faire entendre, avec tout ce que cela comporte comme risque sur leur santé, déjà fragilisée par les maladies et les souffrances physiques et psychologiques auxquelles ils font face", déplore le Collectif Al-Haqiqa. Il rappelle que les revendications de ces grévistes sont " pourtant simples", portant essentiellement sur, sinon leur libération car ils s'estiment "victimes d'une détention arbitraire", du moins l'amélioration de leurs conditions d'incarcération, leur séparation des prisonniers de droit commun, la reconnaissance de leur statut de prisonnier politique, l'accès aux soins, le bénéfice de visites libres, l'arrêt de la mise à l'isolement et, pour le groupe de Meknès, la tenue de procès équitable dans les meilleurs délais. Selon le Collectif, ces étudiants se sont retrouvés "injustement" derrière les barreaux parce qu'ils ont manifesté "pacifiquement" contre la dégradation des conditions dans leurs universités. "Nos organisations du collectif Al-Haqiqa s'indignent énergiquement et condamnent l'utilisation de la violence contre ces étudiants", s'insurgent les contestataires pour qui il "devient urgent" que le chef du gouvernement marocain intervienne pour "faire cesser ces violences et établir un vrai dialogue avec les étudiants dans le cadre de leur syndicat l'UNEM". Créé il y a une dizaine d'années au moment de la mise sur pied par les autorités marocaines de l'Instance Equité et Réconciliation pour "tenter de solder le passif des droits de l'Homme des années de plomb" dans le Royaume, le Collectif Al-Haqiqa (Vérité) sur " la disparition forcée et les enlèvements au Maroc" est en passe d'être relancé, après un gel de ses activités depuis quelques années. Composé essentiellement d'associations marocaines activant en Europe, il avait adressé en 2004 un Mémorandum aux autorités marocaines dans lequel il demandait "l'arrêt des tracasseries subies par les anciens exilés et leurs familles", "l'obtention d'une attestation d'amnistie et de non poursuite du Collectif ", et "d'agir pour mettre fin (aux) intimidations sécuritaires (à) par la suppression des fichiers, hérités des années de plomb". Au lancement de sa campagne de parrainage des détenus politiques au Maroc lancée en novembre dernier à Paris, l'Association de défense des droits de l'homme au Maroc, basée dans la capitale française, avait recensé 172 prisonniers politiques ou victimes de violations de droit. Elle en dénombre présentement 203, en sus de sept militants poursuivis en liberté provisoire. Dans un rapport officiel publié en octobre dernier, le Conseil marocain des droits de l'homme concédait que les détenus subissent des "traitements cruels, inhumains ou dégradants" dans la plupart des prisons du Royaume.