Devenu «barbouzerie sexuelle» oblige, un nom médiatique étalé dans les médias et les networks américains, Andrew Warren regarde vers d'autres horizons. Le temps d'une enquête, l'ancien chef d'antenne de la CIA a Alger cesse de lorgner vers la petite commune de Langley en Virginie, fief du QG du renseignement US. Là où, opérationnel, il recevait ses ordres pour les traduire, en retour, en messages estampillés «Secret défense». L'agent Andrew Warren scrute, préoccupé par son sort, la moindre bribe en provenance de la cour (de justice) du district de Columbia a Washington DC. Depuis des semaines, a l'abri des médias et de la curiosité des journalistes spécialisés dans l'«investigavite affairs», des juges s'emploient à tirer au clair le dernier épisode de l'interminable feuilleton d'espionnage américain : «l'affaire Andrew Warren». La quarantaine fraîchement entamée, Andrew Warren, Américain reconverti a l'Islam, est accusé d'avoir violé deux Algériennes après avoir versé de la drogue dans leurs boissons. Les faits, filmés par les propres soins de Warren, se seraient déroulés en septembre 2007 et février 2008 dans une villa située au 5, chemin d'Hydra, au quartier de Poirson (El Biar). Louée en 2005 par l'ambassade des Etats-Unis, la résidence est destinée à servir de lieu de résidence pour les diplomates en poste affectés à Alger. Selon les éléments de l'enquête en cours, elle jouit du statut de l'extraterritorialité. Outre le volumineux «affidavit», le PV dressé, sous serment, par l'enquêteur en chef Scott Banker, les juges axent leurs investigations sur l'ensemble des pièces jointes au dossier Warren. Au rang de celles-ci, un ordinateur portable Hewlett-Packard Pavillon portant le numéro de série 2CE80929M3. Rappelé d'Alger le 9 octobre 2008, Andrew Warren a été auditionné par Scott Banker le lendemain «à son lieu d'affectation» dans le nord de la Virginie. L'agent spécial du Diplomatic Security Service (DSS), une structure rattachée au Département d'Etat, ne précise pas si l'audition a eu lieu au QG de la CIA à Langley ou dans une antenne annexe. Informé des accusations portées contre lui, le chef de station fraîchement rentré d'Alger a accepté de restituer à Scott Banker son téléphone et son appareil photo numérique avec lequel il avait pris en photo une des deux Algériennes. En revanche, il a refusé de remettre à l'agent spécial du DSS son ordinateur portable «HP Pavillon». Scott Banker oriente les juges vers cette pièce et les invite à l'analyser minutieusement. Dans sa déclaration sous serment, il affirme être tenté de croire que les preuves et les indices matérielles des «agressions sexuelles» commises par Andrew Warren sur les deux Algériennes «naviguent» quelque part dans le disque dur de l'ordinateur portable de l'ancien chef de station de la CIA à Alger. A la lumière de son expérience et de la formation qu'il avait subie, entre autres au centre de formation de la sécurité diplomatique, l'agent spécial Scott Banker sait à quel point il est facile de réduire au «silence» un ordinateur et le vider de sa substance. C'est pourquoi il a envoyé deux de ses collègues chez Warren dans sa chambre d'hôtel pour le prier de remettre son «HP Pavillon». Le matériel a été remis au procureur chargé de l'affaire. Dans son «affadavit» de neuf pages, l'enquêteur en chef du Département soutient, sur la base des éléments en sa possession, que le chef d'antenne de la CIA à Alger a commis une infraction d'abus sexuel en violation des lois américaines. Ces forfaits ont été commis «à l'intérieur de la juridiction maritime et territoriale spéciale des Etats-Unis». Révélé au public par la chaîne américaine ABC, le cas Andrew Warren a été jugé suffisamment délicat pour faire réagir les autorités fédérales à Washington. Interpellé par une journaliste, un des porte-parole du Département d'Etat a indiqué que les Etats-Unis prenaient «très au sérieux toute accusation de mauvais comportement impliquant ses personnels à l'étranger». Le lendemain de la médiatisation de l'affaire, la puissante commission de renseignement du sénat américain s'en est entretenue avec la centrale. Sa présidente, Dianne Feinstein (sénatrice de Californie), et son vice-président, Christopher S. Bond (sénateur du Missouri), ont rencontré des responsables de la CIA à ce sujet. Aucune indication n'a été donnée sur l'identité des responsables de la centrale rencontrés pour la circonstance. Aucune bribe n'a également filtré dans les milieux de la presse sur la teneur de l'échange. Le sénat – dont le vote est déterminant dans la nomination du patron de la Maison de Langley – s'est contenté d'un laconique communiqué sur son site internet. La commission de renseignement a qualifié d'«inacceptables» les prétendus faits reprochés à l'ancien chef d'antenne d'Alger. Affirmant qu'elle est à la recherche d'informations supplémentaires sur ce dossier, la commission a assuré par la voix de ses deux premiers responsables qu'elle «soutenait» l'enquête menée actuellement par les services de l'Attorney General, le Département de la justice.