L'état-major de la CIA rompt le silence sur l'affaire de l'ancien chef de station à Alger. Une dizaine de jours après la révélation par la chaîne ABC des «barbouzeries sexuelles» d'Andrew Warren, l'Agence a été acculée à réagir sur les tenants et aboutissants d'un fait divers pas comme les autres. C'est le patron de l'Agence en personne qui s'est livré à une première explication. Désigné, voici quelques jours, par Barack Obama, Léon Panetta, a exprimé un sentiment de malaise qui n'ose pas dire son nom. Récemment désigné à la tête de la Centrale par le président Obama, Panetta s'exprimait lors de son audition, ce week-end, par la puissante commission du renseignement du Sénat. Il répondait aux questions des sénateurs dans le cadre de la procédure de confirmation dans ses fonctions. Interrogé sur le cas Warren, Panetta a tenu devant la commission sénatoriale spécialisée des propos qui traduisent un sentiment de trouble dans les allées de Langley, le quartier général de la centrale américaine en Virginie. Andrew Warren, un Américain de 41 ans converti à l'Islam, est accusé d'avoir violé deux Algériennes après avoir versé de la drogue dans leurs boissons. Les faits, filmés par les propres soins de Warren, se seraient déroulés en septembre 2007 et février 2008 dans une villa située au 5, chemin d'Hydra au quartier de Poirson (El Biar). Rappelé d'Alger le 9 octobre 2008, il fait l'objet d'une enquête judiciaire. Le double forfait du chef de poste d'Alger connu, la Centrale aurait dû le renvoyer immédiatement, reconnaît Léon Panetta, ancien secrétaire général de la Maison-Blanche sous Bill Clinton. L'état-major de la CIA juge le comportement de l'ex-agent en chef à Alger suffisamment grave pour mériter une lourde sanction. Panetta affirme avoir la «responsabilité», en tant que directeur de la CIA, de mettre en œuvre ce type de sanctions. La CIA s'est livrée par la voix de son chef à une autocritique sur la manière dont elle a géré cette affaire. Sans en dire plus, Panetta reconnaît que sa «boîte» a failli, en se gardant d'en informer le Sénat dès l'ouverture de l'enquête visant l'agent. Selon les networks et les médias américains, sénateurs et membres de la Chambre des représentants ont pris connaissance des aventures sexuelles de Warren à travers les révélations du site web de la chaîne ABC. «Je pense que c'était une erreur» de ne pas en avoir parlé, reconnaît Panetta en réponse à la question de Dianne Feinstein, présidente de la Commission du renseignement. Faisant sien le sentiment de sa présidente, le sénateur Orin Hatch a fait remarquer qu'il était «assez pathétique» que les sénateurs apprennent via un média l'acte «illégal» commis par un agent de la CIA en poste dans «un pays musulman».