Le ministère de l'Industrie lancera au cours de cette année un plan de développement de la filière ciment en vue de répondre aux besoins grandissants du marché national en ce matériau de construction. Le marché du ciment prospère à un rythme soutenu, tiré par une demande publique à hauteur de 60% pour les besoins des programmes de logements et autres infrastructures, a relevé hier à Alger le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Cherif Rahmani. Le plan vise, expliquera le ministre, à augmenter l'offre en vue de satisfaire la demande, créer 40 000 emplois, améliorer la gamme de produits et corriger les disparités entre le Nord et le Sud en termes de capacités de production. La hausse de la production optimisera l'utilisation des capacités de production et permettra de lutter contre la spéculation. Le plan de développement concernera les deux secteurs public et privé, a-t-il précisé, rappelant que l'Algérie importe annuellement 12% de ses besoins pour un montant de 300 millions d'euros. Pour assurer l'exécution du plan, le ministère a signé avec le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) un contrat d'objectif. Les nouveaux investissements dans la filière permettront d'augmenter les capacités du groupe Gica qui passeront de 11,5 à 25,7 millions de tonnes en 2017, tandis que celles des cimenteries privées, elles seront de 17 millions de tonnes, contre 8 millions de tonnes actuellement. Le plan qui s'étalera jusqu'à 2017 concernera, pour le groupe Gica, la modernisation de 6 cimenteries et la création de quatre nouvelles autres. Pour le privé, il est question de créer sept nouvelles cimenteries. Des cimenteries au Sud pour la première fois Parmi les nouvelles cimenteries (publiques ou privées), certaines seront construites au Sud dont Béchar, In Salah, Naâma. Pour sa part, Bachir Yahia, PDG du groupe Gica, a indiqué que la demande nationale actuelle est de 22 millions de tonnes, assurés à 51% par son groupe qui projette de satisfaire 60% de la demande nationale en 2017, qui connaîtra une hausse de la demande de 30 millions de tonnes. Les projets de modernisation et d'extension, qui seront réceptionnés au cours du deuxième trimestre 2016, concerneront six cimenteries, celles de Chlef, Tébessa, Meftah (Alger), Beni Saf, Zahana, et Aïn El Kebira. En termes de financement, le groupe Gica a bénéficié d'un financement de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) d'un montant de 780 millions d'euros. Après la finalisation du plan, les cimenteries du groupe, exploitées à 95% de leurs capacités de production, ne travailleront plus sous pression et pourront exécuter leurs programmes de maintenance. En augmentant les quantités écoulées sur le marché, le responsable s'attend à un recul du phénomène de la spéculation et une baisse de l'écart de prix entre l'usine et le marché parallèle. «Nous ne pouvons pas intervenir sur les prix au niveau du marché», a-t-il reconnu, ajoutant que le groupe pourrait intervenir à l'aval pour exiger aux entreprises des documents attestant leurs besoins en ciment. La surproduction, une assurance pour le futur Le groupe Gica projette, par ailleurs, de renforcer ses capacités de production des agrégats à travers la réalisation de six nouvelles unités industrielles, permettant de passer de 3,6 millions de tonnes en 2012 à 7 millions de tonnes en 2014. Pour le béton prêt à l'emploi, Bachir Yahia a parlé de la mise en place d'une capacité de production de 4 millions m3 à l'horizon 2014 suite à la réalisation de 16 unités industrielles réparties à travers le pays. Le groupe créera aussi une entreprise, en partenariat, pour fabriquer des pièces de fonderie notamment, une entreprise de fabrication des produits de fibre de ciment et une société de commercialisation du ciment. Pour accompagner sa stratégie du commerce extérieur, le groupe envisage de créer une société de trading en partenariat avec une entreprise étrangère. Lorsque la demande locale est satisfaite, le groupe tentera d'exporter les quantités excédentaires. Le responsable ne craint pas une surproduction car la hausse des capacités est un moyen d'assurer les futurs besoins. Le programme de développement permettra à terme de créer 5000 emplois directs et 15 000 emplois indirects. Concernant l'importation, le groupe a lancé le 5 mai un appel d'offres pour importer 45 000 tonnes de ciment et ce, après l'échec des tentatives d'importation de 1,5 million de tonnes de ciment en vrac à cause de l'absence de bateaux ravitailleurs.