L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, malgré la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales et des pressions de Paris. La résolution, présentée notamment par trois petits Etats du Pacifique --Iles Salomon, Nauru, Tuvalu--, a été adoptée par consensus. La France n'a pas participé à la séance. Le texte "affirme le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance", conformément à la Charte de l'ONU (article 73 sur les territoires non autonomes). Elle invite le gouvernement français à "faciliter et accélérer la mise en place d'un processus équitable et effectif d'autodétermination" en Polynésie. Cette résolution ouvre en principe la voie à un référendum d'autodétermination. La population pourrait à terme se prononcer en faveur de l'indépendance, de la départementalisation ou d'un statut intermédiaire d'autodétermination. Mais en pratique, plusieurs des gouvernements concernés ne respectent pas ces règles --par exemple le Royaume-Uni avec Gibraltar et les Malouines. A la suite du vote, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les Etats-Unis, se sont "démarqués du consensus" pour marquer leur désapprobation, faisant valoir la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales. Pour l'ambassadeur des Iles Salomon Collin Beck, par contre, ces élections "ne peuvent pas être assimilées à un référendum" sur le sort du territoire. A l'heure actuelle, la Polynésie française est une collectivité dotée d'une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales. Le président polynésien sortant, l'indépendantiste Oscar Temaru, qui a perdu début mai les élections au profit de l'autonomiste Gaston Flosse, menait depuis plusieurs mois un intense lobbying afin que la collectivité d'outre-mer soit réinscrite sur la liste de l'ONU.