Mardi, 10 années seront écoulées après le séisme qui a ébranlé le 21 mai 2003 la wilaya de Boumerdes, un événement tragique dont les souvenirs commencent à s'estomper des mémoires d'une majorité des habitants de la région, n'était ce certaines traces encore visibles, à ce jour, comme pour rappeler cette journée funeste. En effet une grande majorité des sinistrés de ce séisme ont pu dépasser les séquelles psychologiques dues à cette catastrophe naturelle, et ont renoué avec la vie, avec une "nouvelle force puisée d'une volonté à toutes épreuves", selon leur propres déclarations. N'était ce les vestiges des vieilles constructions en attente de démolition dans certaines grandes villes, à cause de conflits entre propriétaires, et la présence des chalets abritant des citoyens dans un cadre social, suite à leur évacuation par les sinistrés, "aucune autre trace visible de ce séisme ne subsiste". Au lendemain du séisme, les pouvoirs publics ont mis en place 96 sites où furent installés 15.000 chalets destinés à l'accueil provisoire d'autant de familles sinistrées. Dix (10) années après, une grande majorité de ces familles a été relogée dans des logements neufs, mais les chalets libérés furent réaffectés dans un cadre social, pour devenir par la suite "un vrai casse tête" pour la wilaya, au vu de leur "dégradation avancée et du préjudice causé à leur environnement immédiat, sur le plan esthétique", déplore-t-on à la wilaya de Boumerdes. Une majeure partie des chalets n'est plus "viable" Selon la commission ad hoc chargée du suivi de la situation des chalets installés, dans l'urgence, au lendemain du séisme de 2003, "une majeure partie de ces chalets n'est plus viable". Un bureau d'études spécialisé a procédé, depuis 2010, à une enquête sur terrain pour déterminer la situation exacte de ces chalets, tandis que la cellule de suivi de la wilaya a, de son côté, fait un recensement exhaustif des chalets inoccupés, tout en déterminant également, la situation juridique des assiettes abritant ces chalets. L'opération est, inscrite au titre d'un Plan visant l'éradication définitive de ces chalets, afin d'en récupérer l'assiette foncière, estimée à 342 ha, pour l'implantation de projets d'utilité publique. C'est depuis 2012 que la wilaya de Boumerdes a entamé la destruction effective de ces chalets, après le relogement de leurs occupants (une majorité de cas sociaux auxquels s'ajoutent un petit nombre de sinistrés). A ce jour 515 unités (chalets) ont été détruites à travers les communes de Boumerdes, Ouled Hadadj, Bordj Menaiel, Cap Djinet, Issers, Legata et Dellys, selon les données fournies par la wilaya. Un séisme violent et un bilan lourd de dégâts Pourtant, la tragédie était de taille : un séisme de 6,8 degrés sur l'échelle de Richter qui a fait 1391 morts et 3444 blessés, outre des dégâts matériels énormes. Ce n'est pas tout, cette catastrophe naturelle, dont l'épicentre était situé à Zemmouri El Bahri, a touché près de 100.000 habitations, dont plus de 10.000 furent complètement détruites, parallèlement à une multitude d'équipements publics, dont la destruction fit que la "vie s'arrêta à Boumerdes pour quelque temps". Mais l'Etat s'est montré "présent" dés le lendemain du séisme par la mobilisation de tous les moyens matériels et humains à même d'assurer une prise en charge "immédiate" des sinistrés, pour qui une enveloppe de plus de 78 milliards de Da a été dégagée dans l'urgence. Parallèlement, la wilaya avait bénéficié d'un programme d'urgence conséquent pour la réalisation de 8000 logements destinés au relogement des sinistrés. La totalité de ce programme a été réceptionnée, à l'exception de 500 unités, dont la livraison est pour « très bientôt », selon les services de la wilaya. Selon la même source, 6900 familles dont les habilitations étaient siglées dans la catégorie "rouge" ont bénéficié de logements neufs réalisés au titre de ce programme, tandis que 3300 autres ont été destinataires d'aides financières dans le cadre de la reconstruction individuelle. L'Etat a, par ailleurs, restauré 85.738 logements endommagés à des degrés divers, tout en accordant des subventions et aides directes à des sinistrés afin de procéder eux même à la réhabilitation de leurs logements. Pour le seul secteur de l'éducation, qui a accusé des dégâts considérables suite à cette catastrophe, l'Etat a pris en charge la réfection de 332 établissements et la reconstruction de 31 autres, ainsi que la réhabilitation de 67 structures universitaires, entre résidences et salles pédagogiques, auxquels s'ajoutent la reconstruction de la bibliothèque universitaire, et des facultés des sciences et de droit. Dans le secteur de la santé, la wilaya a du reconstruire l'hôpital de Thénia, et deux (2) centres hospitaliers, outre la réfection de 3 hôpitaux. Le secteur des infrastructures de bases a été le théâtre de la réfection de 10 ouvrages d'art et des ports de Zemmouri et Dellys, outre la restauration de 85 mosquées, la reconstruction de 5 autres, de la maison de la culture de Boumerdes, et de 10 centres culturels. Des changements après ce séisme Suite à cette catastrophe naturelle, la wilaya de Boumerdes fut classée "zone sismique de 3eme degré", fait ayant induit une "réadaptation" de la totalité des projets qui y étaient en cours de réalisation ou en phase de lancement. Selon la direction du Logement et des Equipements publics(DLEP) "ce séisme est également à l'origine de la délimitation des zones traversées par +une ligne sismique + et de +son épicentre+, qui sont désormais prises en considération dans l'élaboration de tous les Plans d'aménagement urbain(PDAU) de la wilaya, qui font l'objet de révisions, à ce jour". "L'écorce terrestre s'est surélevée de 40 cm par rapport au niveau de la mer sur le littoral de la wilaya de Boumerdès, suite à ce séisme", a-t-on indiqué, par ailleurs, au Centre national de recherche appliquée en génie parasismique, précisant que "ce phénomène n'a pas été suivi d'un reflux des eaux". "Ce fait a été confirmé par des recherches approfondies, réfutant l'hypothèse du +repli de la mer vers l'intérieur+(selon la croyance populaire)", a ajouté la même source, affirmant que "cet important mouvement subi par l'écorce terrestre tout le long du littoral allant de Boudouaou El Bahri à Dellys, visible à l'œil nu, est une résultante de ce séisme qui a atteint une amplitude de 6,8 degrés sur l'échelle ouverte de Richter".