Les travailleurs des corps communs de la santé et paramédicaux ont décidé de poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. Les protestataires font de la grève leur ultime recours. Selon les différents syndicats, le mécontentement est généralisé dans le secteur et un sit-in de protestation des corps communs venus des différentes wilayas du pays a eu lieu hier matin au niveau du CHU Mustapha-Pacha (Alger). Joint hier au téléphone, Mounir Batraoui, secrétaire général de la Coordination nationale des corps communs et des professionnels de la santé, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a indiqué qu'à «la septième semaine de grève, près de 6000 personnes venues de toutes les wilayas s'étaient regroupées pour réclamer la prime de contagion». Notre interlocuteur a indiqué, en outre, que «sept bus, avec à leur bord des corps communs de la santé venus des wilayas de l'intérieur, ont été arrêtés par les éléments de l'ordre public et obligés de faire demi-tour pour ne pas rejoindre les protestataires à Alger». M. Batraoui a ajouté que «la tutelle a décidé que 45 000 travailleurs des corps communs de la santé ne sont pas concernés par la prime de contagion». Le secrétaire général de la coordination a indiqué que «l'année dernière, près de 30 cas de contamination ont été enregistrés parmi les corps communs dont une quinzaine de travailleurs sont décédés des suites de ces contaminations dans la wilaya d'Alger». «Il est exigé une révision de la répartition avec la prise en compte du paramètre risque car ils sont les premiers à avoir un contact direct avec les patients ou avec les déchets hospitaliers», a-t-il ajouté. Précisant que «la semaine prochaine un autre débrayage et un sit-in plus élargi seront observés». La coordination rejette l'élargissement de la prime de contagion telle que présentée par la tutelle qui offre une prime de contagion allant de 2500 à 7200 DA répartie selon les grades. M. Batraoui estime que «la répartition proposée par la tutelle dénote un mépris à l'égard des travailleurs». «Nous avons réclamé une prime de contagion de 8000 à 10 000 DA, répartie selon le risque de contagion et non selon le grade», a-t-il expliqué. Pour le même syndicat, plusieurs catégories de corps communs n'obtiendraient que 2500 DA de prime, alors qu'elles sont constamment exposées au risque de contagion comme les agents d'entretien. Rassemblement national demain de l'intersyndicale Dans les structures de santé, on a constaté que les rendez-vous continuent d'être systématiquement ajournés lorsqu'il ne s'agit pas d'urgence avérée. Le service minimum est assuré même si la tutelle n'a pas convoqué la réunion, pourtant prévue par la loi, pour organiser le fonctionnement des différents services pendant le débrayage, a-t-on fait savoir. «Jusqu'à ce jour, aucune invitation n'avait été lancée aux différents syndicats du secteur en vue d'entamer des discussions et ouvrir un dialogue», a précisé le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), joint au téléphone. Il a expliqué que les professionnels concernés se préparaient à reprendre la contestation au moment où rien de «concret» n'émanait de la tutelle hormis des «déclarations qui entretiennent le blocage au niveau de la relation». «Nous demandons à Monsieur le Premier ministre d'intervenir et d'ouvrir les portes au dialogue à chaque syndicat», a-t-il dit. L'Intersyndicale des praticiens de la santé, qui a aussi reconduit son mouvement de grève de trois jours, à savoir les 20, 21 et 22 mai, pour la troisième semaine consécutive, a décidé de tenir un rassemblement national demain à 11h devant le ministère de la Santé. Un mouvement auquel s'ajoute celui décidé par l'Union des travailleurs du même secteur affiliée au Snapap et celui des paramédicaux et des contractuels. «Tout en réitérant sa disponibilité au dialogue en prenant à témoin l'opinion publique», l'Intersyndicale interpelle à nouveau le Premier ministre et le ministre de la Santé pour «le respect de leurs engagements pour la satisfaction de leur plate-forme de revendications». Le président de la Fédération nationale des travailleurs du secteur de la santé a expliqué que le mouvement de grève du 20 au 22 mai est engagé à cause du «mépris du ministère de la Santé qui ne veut pas prendre acte de ses engagements publics».