Un manuscrit reproduisant des sourates du Coran de la mosquée Al-Azhar du Caire, sauvé des flammes en 1798 par un orientaliste membre de la campagne d'Egypte menée par Bonaparte, sera mis aux enchères le 9 juin à Fontainebleau près de Paris. Composé de 47 pages, en arabe, ce manuscrit est estimé 10.000 à 15.000 euros par la maison Osenat, qui organise la vente. La reliure est en cuir brun, décorée d'entrelacs dorés. Ecrit à l'encre brune avec quelques signes et césures à l'encre rouge, le manuscrit présente trois pages enluminées. L'occupation de l'Egypte par les troupes françaises en 1798 avait provoqué un soulèvement au Caire, la mosquée Al-Azhar, une des plus anciennes de la ville, servant de quartier général aux insurgés. Ayant entraîné la mort de nombreux soldats français, la révolte du Caire a été sévèrement réprimée par Bonaparte. Il a tourné ses canons sur le quartier de la mosquée et ordonné le saccage de l'édifice religieux qui abritait également une université. Le manuscrit mis en vente a été sauvé du pillage et de l'incendie par le jeune Jean-Joseph Marcel (1776-1854), orientaliste membre de l'expédition d'Egypte qui a raconté lui-même l'histoire. "Je m'étais joint aux troupes qui furent commandées pour l'attaque de cette mosquée; cependant j'avouerai que je fus entraîné à cette expédition volontaire, non par un enthousiasme guerrier et un désir de gloire militaire, mais par l'intention de chercher à sauver du désastre qui se préparait quelques-uns des manuscrits précieux, dont je savais que cette mosquée était enrichie. J'ai en effet réussi à retirer des flammes, sous les balles des assaillants et des assiégés, quelques manuscrits acquis ainsi au risque de ma vie", a-t-il écrit dans une note signée de sa main. A son retour d'Egypte, Jean-Joseph Marcel a été directeur de l'imprimerie de la République en 1803 devenue impériale un an plus tard.