La dimension de l'illustre personnalité de l'Emir Abdelkader, depuis longtemps mise en exergue, constitue toujours un champ «fécond» pour l'analyse scientifique, a indiqué, hier à Alger, Mohamed Charfi, ministre de la Justice, à l'ouverture du colloque international de trois jours sur «l'Emir Abdelkader et le droit international humanitaire». «Alors qu'il était dans la position de résistant à l'agression étrangère contre son pays, et alors que ses troupes n'étaient composées que de résistants volontaires, la mission de défendre militairement son pays n'a pas écorchée chez lui son humanisme inné qui se nourrissait de sa culture et de sa religion musulmane», a précisé M. Charfi dans son allocution. Intervenant dans un conflit international, au sens que lui donne aujourd'hui le droit international, «le décret de l'Emir Abdelkader devrait être retenu par l'histoire comme la première marche du droit international humanitaire, même si les écritures ont, jusque-là, conféré cette primeur à la convention de Paris de 1857», a souligné le ministre. Et d'ajouter que «l'action humaniste de l'Emir ne s'était pas limitée au domaine du conflit armé international, elle a été aussi menée alors qu'il n'avait plus aucune responsabilité officielle et qu'il vivait en exil». L'orateur a tenu à dire que «cette action eut, en son temps, un retentissement international souverain de l'époque». Pour sa part, Peter Maurer, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rendu un hommage «posthume» à l'Emir, «fondateur de l'Etat algérien moderne». «Sa contribution au développement de l'action humanitaire moderne a été considérable», a-t-il dit. Ajoutant que «non seulement il a été un précurseur incontesté des principes fondamentaux de cette action, mais il a su user de ses compétences militaires, diplomatiques et politiques pour la mettre en œuvre». Par ailleurs, ce colloque tend à faire connaître la contribution de l'Emir à l'élaboration des droits humanitaires internationaux. En outre, l'objectif de cet événement est d'instaurer des valeurs et des pratiques de l'Emir dans l'amendement du droit humanitaire international car ce qu'il a fait est «valable dans tous les temps et tous les conflits». Il est à noter que ce colloque est organisé à l'occasion du 130e anniversaire du décès de l'Emir Abdelkader, le 150e de la création du CIC-R et le 5e du Comité national du droit international humanitaire (DIH). Des experts en droit humanitaire et d'éminentes personnalités nationales et internationales participeront à ce colloque qui prendra fin demain. Des conférences portant sur les enjeux du respect et de la promotion de l'histoire de la codification du DIH, seront animées.