L'Emir Abdelkader est considéré comme le précurseur "incontesté" de la codification du droit international humanitaire moderne, a indiqué mardi à Alger le président du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer. S'exprimant à l'ouverture du colloque international sur le thème "L'Emir Abdelkader et le Droit international humanitaire", M. Maurer a rendu un hommage posthume à l'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien moderne, saluant son intervention "courageuse" pour la protection des chrétiens à Damas en 1860. "La contribution de l'Emir Abdelkader au développement de l'action humanitaire moderne a été considérable, car non seulement il a été un précurseur incontesté des principes fondamentaux de cette action (...) mais il a su user de ses compétences militaires, diplomatiques et politiques pour sa mise en oeuvre", a-t-il dit. M. Maurer a ajouté, en outre, que l'Emir Abdelkader est "reconnu comme un personnage remarquable, tant pour son engagement politique en faveur de la nation algérienne, que pour son inspiration et sa contribution à la théologie soufie au Moyen-Orient". Evoquant le contexte historique de la naissance du CICR et le parcours du fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant (1828-1910), l'orateur a mis en exergue la conviction "commune" qui s'oppose à la logique meurtrière de la guerre, partagée entre l'Emir et Dunant, même s'ils ne se sont jamais rencontrés. Par ailleurs, M. Maurer a affirmé que le CICR "est aujourd'hui, après 150 années d'existence, déterminé à poursuivre son engagement pour assurer un minimum d'humanité au milieu des conflits actuels de par le monde dont ceux au nord du Mali, en Syrie, en Palestine et à l'est de la République démocratique du Congo". A ce propos, il a relevé que les conditions de vie des populations du nord du Mali demeurent "très préoccupantes" et les besoins humanitaires restent "importants", indiquant que le CICR a lancé, en avril dernier, un appel à ses donateurs en vue de recueillir 40 millions de francs suisses supplémentaires (environ 3,3 milliards de dinars algériens) pour fournir une aide à ces populations. Concernant la crise en Syrie, M. Maurer a estimé que ses retombées sur les pays voisins sont devenues une "catastrophe humanitaire majeure", relevant que face aux besoins "croissants" de la population syrienne, le CICR "est déterminé à renforcer son action dans la région". Il a précisé que ce soit au Mali, en Syrie ou ailleurs, le Comité demeure "pleinement mobilisé pour répondre aux conséquences humanitaires des conflits contemporains".