La reprise économique mondiale gagne du terrain, grâce notamment à l'action vigoureuse des banques centrales, mais reste toujours menacée par le marasme qui persiste en Europe, a mis en garde mercredi l'OCDE dans ses Perspectives économiques. Les experts de l'OCDE ont revu leurs prévisions de croissance à la baisse dans toutes les grandes économies, à l'exception notable du Japon, mais ils s'attendent toujours à une croissance mondiale de 3,1% cette année contre 3,4% attendus en novembre dernier. A la traîne, la zone euro va s'enfoncer dans la récession cette année avec -0,6%, contre -0,1% attendus précédemment. Elle renouera avec la croissance l'an prochain mais à un niveau modeste de 1,1% (contre 1,3%). La faiblesse de l'activité pourrait évoluer en "stagnation, avec des conséquences négatives pour l'économie mondiale", écrit l'économiste en chef de l'OCDE, Pier Carlo Padoan, dans ce rapport. En Europe, "la situation reste particulièrement fragile", a averti mercredi de son côté le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, lors d'une conférence de presse. Sur le Vieux continent, le chômage qui atteint des niveaux historiquement élevés "reste le défi le plus sérieux auquel font face les gouvernements", juge le rapport de l'organisation qui a son siège à Paris. Par contraste, le Japon, où la banque centrale a radicalement changé la donne avec une politique monétaire très volontariste, connaît une amélioration "spectaculaire", selon les experts de l'OCDE. Du coup, la prévision de croissance pour le pays a été radicalement relevée, passant de 0,7% à 1,6% cette année. La progression du PIB japonais devrait légèrement fléchir à 1,4% l'an prochain, mais elle reste toutefois bien supérieure à celle attendue en novembre (+0,8%). Aux Etats-Unis, la croissance est portée à la fois par l'assainissement du système financier et par le retour de la confiance. Elle devrait atteindre 1,9% cette année, contre 2% attendus en novembre, pour ensuite remonter à 2,8% en 2014. Ce léger recul cette année, par rapport aux estimations faites en novembre dernier, est essentiellement la conséquence des coupes budgétaires automatiques entrées en vigueur cette année, faute d'accord politique sur une réduction du déficit américain. La BCE appelée à faire plus La banque centrale américaine doit donc continuer son soutien exceptionnel, juge toutefois l'économiste en chef de l'OCDE Pier Carlo Padoan, même si cette politique monétaire expansionniste devra "ralentir progressivement". En Chine, pays non membre de l'OCDE, la croissance en 2013 devrait être inférieure à ce qui avait été anticipé, "pour la deuxième année consécutive", estime encore l'OCDE. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé de son côté mercredi avoir abaissé de 8% à "environ 7,75%" sa prévision de croissance pour la Chine en 2013. En 2014, une accélération des échanges mondiaux pourrait néanmoins stimuler l'économie et porter la croissance à 8,4%, selon l'OCDE. D'une manière générale, l'action des banques centrales, à la manœuvre dans toutes les grandes économies de la planète, est saluée par l'OCDE, qui encourage d'ailleurs la zone euro à faire plus de ce point de vue. "Un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire est nécessaire dans la zone euro", écrit ainsi M. Padoan. M. Gurria a toutefois averti devant la presse que les politiques monétaires avaient presque atteint leurs limites et que les gouvernements devaient désormais prendre le relais en mettant en œuvre des réformes structurelles. La Banque centrale européenne dispose toutefois de marges de manœuvre importante, juge l'OCDE. Elle doit envisager de nouvelles mesures non conventionnelles pour inciter les banques à prêter de l'argent aux entreprises et aux particuliers, en particulier dans les pays les plus fragiles. L'instauration d'un taux négatif à l'égard des fonds placés par les banques européennes auprès de la BCE, serait de nature à encourager ces prêts, juge ainsi l'OCDE, particulièrement dans les pays les plus fragiles, comme l'Espagne ou l'Italie. Dans ce dernier pays, la récession se poursuivra pendant toute l'année 2013, car les effets du durcissement budgétaire et le resserrement des conditions de crédit freinent l'activité économique, estime le rapport. En Espagne, l'économie devrait continuer de se contracter en 2013 avant de renouer lentement avec la croissance en 2014, à la faveur de la reprise dans la zone euro, ajoute ce texte.