Les déclarations faites, jeudi soir, par le Président américain sur le conflit syrien, notamment la décision des Etats-Unis de soutenir militairement «l'opposition» et l'accusation à l'encontre du gouvernement syrien d'avoir utilisé des armes chimiques, ont suscité la réaction de la Fédération de Russie. S'achemine-t-on vers l'échec de la conférence de la paix de Genève ou s'agit-il simplement d'ultimes manœuvres américaines pour peser sur les négociations, des pourparlers qui doivent mettre un terme à un conflit dévastateur ? En effet, la Russie attend que les Etats-Unis exposent leurs projets concernant la Syrie, a indiqué hier le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. «Nous n'avons pas encore eu de contacts directs officiels avec nos partenaires américains, dont nous attendons évidemment des explications, notamment l'information concernant leurs projets sur la Syrie. Nous estimons toutefois que notre décision commune de convoquer une conférence internationale sur la Syrie tient toujours», a déclaré le diplomate dans une interview à la chaîne de télévision russe de langue anglaise Russia Today (RT). Les médias occidentaux ont rapporté hier que le président américain Barack Obama avait inclu certains types d'armes dans la liste de l'aide militaire destinée à l'opposition syrienne. Les Etats-Unis n'ont toutefois pas, à ce stade, annoncé de décision d'armer les rebelles face au régime syrien, évoquant simplement une augmentation de l'aide non létale. La Russie a jugé également que les accusations des Etats-Unis sur le recours à l'arme chimique par le gouvernement n'étaient pas convaincantes, et estimé que la promesse d'une aide accrue aux rebelles compromettait les efforts de paix. «Nous le dirons clairement. Ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant», a déclaré de son côté le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov à des journalistes. La Maison Blanche a accusé jeudi que «le régime syrien avait eu recours à son stock d'armes chimiques dans des attaques qui ont fait jusqu'à 150 morts». Selon le renseignement américain, «du gaz sarin notamment aurait été employé à échelle réduite contre l'opposition à de multiples reprises dans l'année écoulée». M. Ouchakov a indiqué qu'une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains au cours de laquelle ces derniers avaient exposé leurs informations. «La nature de ces informations ne peut être divulguée, évidemment. Mais je le répète, ce n'est pas convaincant», a ajouté M. Ouchakov. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères russe, qui a aussi jugé que les allégations n'étaient pas convaincantes, des experts russes ont rencontré des homologues américains, britanniques et français. Dans son communiqué, la diplomatie russe s'est en revanche inquiétée de l'usage de gaz sarin par les rebelles, rappelant que le 6 mai, Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme en Syrie, avait affirmé qu'ils en avaient employé. Hier matin, le chef de la commission des affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, avait affirmé que les Etats-Unis ont fabriqué ces informations. «Obama suit la même voie que George Bush, le précédent président américain qui avait lancé une opération militaire en Irak en 2003 sur la foi d'affirmations sur l'existence d'armes de destruction massive qui ont été depuis battues en brèche», a ajouté ce membre du parti Russie unie.