Aujourd'hui, alors que beaucoup de corps d'enfants innocents n'ont pas encore refroidi, après l'odieuse offensive israélienne contre la bande de Ghaza, prétendument menée contre les «terroristes du Hamas», les Israéliens se rendent aux urnes pour élire leurs représentants à la Knesset, le parlement d'Israël. Ces élections législatives anticipées interviennent après la démission du Premier ministre Ehud Olmert, qui a été mis en cause dans des affaires de corruption notamment et alors que Tzipi Livni (Kadima, centre-droit), qui avait été chargée de former un nouveau gouvernement, a échoué dans cette besogne. Elections anticipées donc qui se dérouleront dans un climat exacerbé, mais surtout marqué par des discours extrémistes, favorisés par les derniers évènements de Ghaza et qui sont du pain bénit pour les partis extrémistes de tous bords. Parmi ces derniers, le plus virulent est «Israël Beiténou». Une formation dirigée par un «renégat» russe d'origine juive qui a fait partie des milliers d'immigrants juifs ayant quitté l'ex-Union soviétique à la recherche d'une nouvelle patrie. Avidgor Liebermann, c'est de lui qu'il s'agit, est connu depuis de longues années pour son discours raciste (antisémite, dirais-je, puisqu'il est xénophobe envers les Arabes qui sont aussi des descendants de Sem, l'un des trois fils de Sidna Noh et de Sidna Ibrahim et donc sont des sémites comme les juifs, n'en déplaise à Liebermann !). Mais des âmes bien pensantes nous rétorqueront que l'antisémitisme, c'est encore autre chose et qu'ici nous faisons référence à de la linguistique. Je dirais, oui, mais tout est affaire de sémantique ! Et cela parce que les médias occidentaux et surtout français sont favorables à Israël. Tout le monde le sait. Mais passons, notre propos est ailleurs. Il est dans ces élections anticipées qui ne sont pas les premières, par ailleurs, et sans doute pas les dernières, puisque depuis la fin du gouvernement de Itzhak Shamir (1986-1992) aucun gouvernement israélien n'a pu terminer ses quatre années de mandat ! Depuis cette date, il y a toujours eu des élections anticipées, car le Premier ministre était à chaque fois démis de ses fonctions suite au vote d'une motion de censure.En effet, la loi fondamentale (1958) et la loi électorale (1969) de la Knesset, sur lesquelles repose le système électoral israélien, permettent à ce dernier de destituer un chef du gouvernement dès lors qu'une motion de censure est soutenue par la majorité des députés de la Knesset, c'est-à-dire 61 députés sur 120… Talon d'Achille d'un système électoral qui prend sa source au début du sionisme et de la construction hétéroclite d'un grand Israël ?Ce qui est sûr, c'est que, à part notre chère «bombe» Tzipi Livni, qui cherche à changer cette loi, pour essayer de stabiliser les gouvernements futurs en les obligeant à travailler pendant quatre ans pour Israël et non pour leur propre survie, les autres partis poursuivent des ambitions personnelles. Tel est le cas de cet «alligator» russophone qui trouve depuis son arrivée en terre promise en 1978, au cœur d'Israël, l'occasion d'épanouir ses penchants xénophobes en exploitant au maximum les tensions entre Israël et ses voisins. Un moldave qui s'il était resté en Russie aurait sans doute trouvé sa voie opportunément dans les bas-fonds et milieux mafieux qui ont émergé après l'effondrement de l'ex-Union soviétique. Avec les milliers de juifs russes revanchards et ingrats au système socialiste russe qui leur avait donné à manger, les avait soignés et éduqués, Liebermann (ça sonne allemand tiens !) tenait enfin sa revanche. Son ambition, car je ne pense pas que ce soit le bien et l'avenir d'Israël qui lui tiennent à cœur, est de se faire un nom, de monter dans la hiérarchie. Et en populiste averti, il a réussi la gageure de constituer une formation raciste. Evidemment, pour la plupart des ratés et autres citoyens de seconde zone qui ont émigré en «terre promise», pour fuir un quotidien fade et sans avenir, cette alternative est prometteuse !Se faire un nom !Liebermann a joué sur la fibre (patriotique, nationaliste ?) de ces milliers de frustrés à qui il donne en pâture les «Arabes» : ses propres concitoyens qu'il renie et qui ne sont que les Arabes israéliens. Herr Liebermann, allez réviser vos classiques ! S'est-il posé la question de savoir s'il était plus juif qu'eux, lui l'émigrant russe ? S'est-il demandé pourquoi en Israël, qui se veut une terre promise pour «tous les damnés juifs de la terre», il y a des «Falashas (juifs éthiopiens), des Sépharades (juifs maghrébins), des ashkénazes (juifs occidentaux), des Guriyim (juifs géorgiens), etc. Alors pourquoi pas des juifs Mizrahim, d'origine orientale, arabe ? Parce qu'ils sont de culture arabe ? En tout cas, ils sont très certainement, de par leur histoire plusieurs fois millénaire, parmi les juifs autochtones les plus authentiques. Alors Herr Liebermann, allez réviser vos classiques ! Car là vous portez tort à ce pays qui vous a ouvert les bras.Vous lui portez préjudice camarade Liebermann, car vous exploitez l'émotion et les tensions actuelles entre voisins. Vous faites ce que nous appelons et les juifs aussi : de la fitna (division). Et j'espère, comme beaucoup d'Israéliens, de juifs et d'Arabes sensés, que vous n'aurez pas de strapontin à la Knesset. Déjà, voyez-vous, à travers le monde, des voix autorisées, parmi lesquelles la diaspora juive, la société civile, des rabbins, dont certains ont soutenu l'offensive de Ghaza, se mordent les doigts. Car ils se rendent compte que votre parti d'extrême droite ne peut que nuire à Israël. En fait, vous qui semblez si opposé aux Arabes, vous qui insultez les Arabes israéliens, qui attisez la haine, vous qui appelez au djihad contre les Palestiniens et qui souhaitez «la solution finale» pour les Arabes israéliens qui représentent tout de même un cinquième de la population d'Israël (7 millions), vous ne faites que porter tort à Israël, et ceci devrait réjouir les ennemis que vous dites vouloir combattre. Là est votre paradoxe ! Et ce faisant, si votre parti émerge aux élections, vous contraindrez le Likoud (déjà votre allié), Kadima et les autres formations, dont le Parti travailliste, à former un gouvernement qui ira à l'encontre des intérêts d'Israël. Pour beaucoup, votre parti n'a rien à envier à celui du Hamas que vous traitez de terroriste, malgré des élections démocratiques. Car la voie dans laquelle vous vous engouffrez rappelle celle que toute l'Europe reproche au Hamas d'avoir suivie. Mais voilà, Hamas est condamné. Attendons de voir si l'Europe vous condamnera aussi. J'ai des doutes… Par contre, ce dont je suis sûr, c'est que votre formation, qui risque de monter sur la troisième marche du podium, va accentuer davantage les dérives fanatiques. Vous aurez tout le loisir avec le Likoud, qu'Ehud Olmert, le Premier ministre sortant, qualifie de «parti extrémiste qui risque d'acculer Israël à l'isolement», de faire la chasse aux Arabes. Sera-ce la descente aux enfers en terre promise, grâce à vous ? Vous pourrez ensuite réellement interdire aux partis arabes d'Israël de se présenter aux élections. Verra-t-on des contingents d'Arabes israéliens repoussés, transférés vers «l'ennemi» ? Vous les haïssez tellement, alors que vous n'avez jamais sans doute rencontré aucun d'entre eux avant votre «transfert» en Israël… «Israël Beitouna» ? Vous dites Herr Liebermann que «l'ennemi est en même temps à l'extérieur d'Israël qu'à l'intérieur», en pensant perfidement aux Arabes israéliens. Je veux bien vous croire. Mais vous êtes à l'intérieur, par vos dérives, un ennemi plus dangereux pour Israël que vos concitoyens arabes ! La preuve ? La loi électorale est déjà bafouée, car elle interdit de présenter les listes électorales qui incitent, entre autres, au racisme… Ah encore un mot camarade Liebermann : alors que le gouvernement français de Vichy livrait par convois entiers des juifs aux nazis pendant le Seconde Guerre mondiale (je comprends aujourd'hui l'esprit de culpabilité en France), un Arabe parmi tant d'autre, Mohammed V, le roi du Maroc, pays sous protectorat français à l'époque, s'y était fermement opposé et a refusé de livrer les juifs marocains aux nazis.Mais cela on ne vous l'a peut-être pas appris à l'école, en Moldavie.