C'est un véritable coup de gueule que vient de pousser Farouk Ksentini à l'endroit des initiateurs du nouveau projet de loi régissant la profession d'avocat. Le président de la Commission nationale de la protection et de la promotion des droits de l'homme (CNPPDH) affirme que cette nouvelle loi, dont l'adoption à la chambre basse du Parlement est prévue le 2 juillet, «réduit le concours de l'avocat dans le fonctionnement de la justice à des proportions insignifiantes». «Franchement, et quoique je ne suis pas encore imprégné du contenu de cette nouvelle mouture, je ne vous cache pas que mon impression est plutôt défavorable concernant ce nouveau projet de loi», a martelé d'entrée Farouk Ksentini, contacté hier. Il enchaîne en mettant l'accent sur le fait que le contenu de cette nouvelle loi est non conforme et incompatible avec ce qui a été décidé entre les représentants de la corporation et les responsables du ministère de la Justice lors des séances de concertation ayant précédé son élaboration. «Ce n'est pas ce qui a été convenu avec le ministère, il y a eu des modifications qui ne sont pas de nature à conforter l'efficacité de l'avocat et son concours dans la mission qu'accomplit la justice à l'endroit des justiciables», déplore le président de la CNPPDH. A ce propos, certains avocats, à l'instar de Miloud Brahimi, croient savoir que le nouveau projet de loi régissant la profession d'avocat aurait été établi bien avant la désignation de Mohamed Charfi, l'actuel ministre de la Justice, qui a succédé à Tayeb Belaïz, nommé à la tête du Conseil constitutionnel. En tout état de cause, Farouk Ksentni se dit convaincu que «l'objectif recherché à travers la nouvelle loi est de réduire le rôle de l'avocat à moins que rien». Il rappellera que «la bonne justice a toujours été celle qui exige une défense forte». Le président de la CNPPDH regrette en outre que la corporation des avocats soit divisée vis-à-vis de ce nouveau projet de loi. Il existe, en effet, parmi la corporation des avocats ceux qui sont satisfaits de ce projet, à l'exemple des avocats réunis au sein de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA) que dirige Mustapha Lanouar. En revanche, le conseil de l'ordre des avocats d'Alger, présidé par Abdelmadjid Selini, affiche une opposition farouche au contenu de cette nouvelle loi qu'il rejette en bloc. D'ailleurs, ce conseil se dirige droit vers une démonstration de force afin de faire valoir sa position. En ce sens, il n'est pas exclu que les avocats, membres du bâtonnat d'Alger, sortent dans la rue le jour même de l'adoption de la nouvelle loi par l'Assemblée nationale. Autre action de contestation envisageable, le recours au boycott des audiences. Pour revenir à Maître Ksentini, ce qui semble l'embarrasser davantage dans la nouvelle loi des avocats, c'est «l'introduction du volet pénal parmi les mesures disciplinaires qu'encourt l'avocat». Ce qui est, a-t-il appuyé, «inadmissible».