L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Parti des travailleurs (PT) ont organisé hier un meeting international au siège de la centrale syndicale. Ce rassemblement s'inscrit dans la mobilisation contre les guerres d'occupation et de pillage, contre les ingérences dans les affaires internes des pays. Et plus précisément, il se veut comme le premier acte public de mobilisation contre la menace d'intervention en Algérie. Il s'inscrit également dans le cadre de la défense de l'intégrité et de la souveraineté de la nation algérienne contre toutes formes d'intervention étrangère. Animé par Louisa Hanoune et Abdelmadjid Sidi Saïd, ce meeting a vu la participation de responsables politiques et syndicaux des USA, du Pakistan, de Turquie, de France, de Haïti, d'Espagne, de Guinée et du Mali. Après l'annonce à la fin du mois d'avril du déploiement de 500 marines de l'US Navy, ainsi que 8 avions militaires dans la base Morón de la Frontera, située dans la province de Séville en Espagne, l'UGTA ainsi que le PT ont appelé à organiser ce meeting pour défendre l'intégrité nationale, même si le Département américain a réfuté l'intention de s'introduire en Algérie. Parmi les invités, Lucien Gauthier, représentant du Parti des travailleurs, qui a enflammé la salle comble, notamment des militants du PT, lors de son discours. Approché en marge de ce meeting par Le Temps d'Algérie, il a tiré à boulets rouges sur le pouvoir français et américain. «Ces deux puissances mènent déjà une guerre médiatique contre l'Algérie. Comme preuve à l'appui, il cite toutes les émissions télévisées sur le sort de l'Algérie après la maladie du président Bouteflika ou encore les rapports faits par le Département américain accablant l'Algérie. Pour défendre l'image du pays, Gauthier préconise «d'informer plus l'opinion publique nationale et internationale sur l'avancée réelle faite par l'Algérie depuis son indépendance. Il a ajouté que le peuple algérien est souverain et décidera tout seul de son sort. Il a en outre appelé les USA ainsi que la France à s'occuper de ce qui se passe chez eux et des scandales financiers accablants dans leurs pays respectifs, en citant le scandale de Karachi et de Bettencourt. «Ils doivent balayer devant leur porte d'abord», a-t-il ajouté. Selon Gauthier, la France pourra se servir de ses otages détenus au Niger et au Tchad pour effectuer une intervention militaire visant à spolier les richesses de ces pays. Il a ajouté que l'intervention militaire au Mali n'était pas légitime et ses répercussions sur l'Algérie ont été immédiates par l'attaque contre le site gazier de Tiguentourine. Il s'est insurgé contre le vœu formulé par le Département américain quant à envoyer une aide militaire lors de l'attaque terroriste d'In Amenas. «Les USA ont tort» De son côté, Koren Raphael Clarck, présidente du mouvement syndical américain et également présidente de la campagne «Levez vos mains sur l'Algérie», a estimé que «main dans la main, on va mener notre combat pour la liberté des peuples». Selon elle, une «intervention militaire américaine en Algérie n'aura jamais de légitimité» et d'ajouter : «Si l'Algérie gagne, c'est toute l'Afrique qui gagnera». «Les USA et l'UE veulent envahir le continent africain. C'est pour cela que je dis au gouvernement américain : vos mains sont sales.» Elle s'est appuyée sur une des déclarations du défunt militant des droits de l'homme, Martin Luther King, qui avouait, il y a plus de 64 ans, que «les USA sont le plus grand pays dans le monde et voilà que nous le constatons aujourd'hui par toutes les guerres qu'il a menées». «Nous demandons aux chefs des partis, syndicats et au peuple algérien de comprendre que notre syndicat combat aujourd'hui le régime américain», ajoute-t-elle. Des ouvriers espagnols contre l'intervention militaire De son côté, Miguel Angel Santrasses, président de la mairie de la Maron, étant absent, a adressé une lettre dans laquelle il écrit : «Je suis un homme honnête. La présence militaire américaine sur le sol espagnol est un déshonneur pour mon pays. La liberté des peuples ne peut être imposée par la force et la mort. Elle ne peut pas se faire par la dilapidation des richesses naturelles des autres pays. Nous devons combattre côte à côte la violence des USA contre le monde depuis le XXe siècle», a-t-il écrit avant d'ajouter «mon pays est malheureusement engagé dans cette stratégie américaine de l'utilisation des armes pour faire régner les libertés dans le monde». De sa part, Louis Gonzales, du parti de la Commission ouvrière d'Espagne, a soutenu que son parti «refuse que l'Espagne soit la base militaire des Américains. Ils sont plus de 500 marines américains prêts à intervenir en Algérie». «Le gouvernement espagnol n'a aucun contrôle sur cette base qui est liée à l'Africom américaine, sans aucune souveraineté, ni du gouvernement ni du Sénat. Le Nord africain est assujetti à une attaque américaine à tout moment», signale-t-il. Fracnokonari Bella, président du parti SADI malien, a expliqué quant à lui : «En ce moment, le Mali a cessé d'être indépendant depuis l'invasion militaire française et son ingérence sous le label des Nation unies.» Pour lui, l'intervention française au Mali fait partie d'un vieux plan français, qui date de 1957, qui veut que la région allant de la Mauritanie jusqu'au Soudan, en passant par l'Algérie soit toujours des colonies françaises. «Mon parti n'a cessé d'appeler le peuple à la vigilance contre les dangers que représente la France depuis son intervention en Libye, masquée par la défense du peuple libyen, qui a fini par mettre les Libyens en péril», alerte-t-il. «A chaque fois que l'Occident est en crise économique, il mène des guerres, non seulement pour détourner l'opinion publique de la crise mais aussi, pour voler les richesses naturelles des pays envahis», a-t-il constaté.