Les islamistes radicaux de la Gamaa al Islamiya conseillent au président Mohamed Morsi d'organiser un référendum sur la tenue d'une élection présidentielle anticipée pour éviter un bain de sang et un coup d'Etat militaire, a déclaré mercredi à Reuters un de leurs dirigeants. L'armée a accordé au chef de l'Etat jusqu'à 15h00 GMT ce mercredi pour s'entendre avec l'opposition sur un scénario de sortie de crise, sous peine d'appliquer sa propre "feuille de route". Mohamed Morsi et le mouvement des Frères musulmans dont il est issu ont rejeté cet ultimatum en dénonçant une tentative de "coup d'Etat". "Nous nous trouvons dans l'obligation de convaincre le président d'accepter un référendum sur la tenue d'une élection présidentielle anticipée", a déclaré à Reuters Tarek al Zomor, qui a passé de longues années en prison pour avoir planifié l'assassinat du président Anouar al Sadate en 1981. "Nous espérons y parvenir dans les prochaines heures", a précisé celui qui est désormais porte-parole du Parti de la construction et du développement, branche politique de la Gamaa al Islamiya, principal groupe islamiste armé égyptien dans les années 1990. Mohamed Morsi n'a pas évoqué l'idée d'une présidentielle anticipée pendant le discours télévisé qu'il a prononcé dans la nuit de mardi à mercredi, appelant au contraire à la tenue d'élections législatives. "Ce transfert pacifique et constitutionnel (du pouvoir) évitera de faire couler le sang", a insisté Tarek al Zomor, qui s'est par ailleurs dit prêt à défendre la Constitution d'inspiration islamiste adoptée en décembre par référendum. Le dirigeant islamiste a estimé que l'ultimatum de l'armée présageait un coup d'Etat militaire, mais qu'il était "encore possible de l'éviter si le président décide d'organiser un référendum sur une élection présidentielle anticipée". Tarek al Zomor a été libéré de prison après la chute d'Hosni Moubarak en février 2011. La Gamaa al Islamiya, qui a renoncé à la violence il y a plus d'une décennie, après le massacre de 58 touristes dans un temple de Louxor en 1997, a fondé peu après la "révolution du Nil" un parti politique. La nomination d'un de ses membres comme gouverneur de Louxor le mois dernier a provoqué une levée de boucliers et alimenté la colère des Egyptiens qui réclament aujourd'hui la démission de Mohamed Morsi.