Le président français François Hollande sera jeudi et vendredi en Tunisie, pays qui expérimente une transition politique et sociale souvent agitée mais où, selon Paris, "le Printemps arabe a le plus de chances de réussir". Cette visite d'Etat, dernière d'une série de voyages du président français au Maghreb après l'Algérie en décembre 2012 et le Maroc en avril, s'inscrit dans un contexte de vives tensions régionales, en Egypte ou en Libye. "S'il y a un pays où ce qu'on a appelé le Printemps arabe a le plus de chances de réussir, c'est probablement la Tunisie", a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, à la chaîne de télévision I-télé. "C'est un pays qui n'est pas très grand, qui a un niveau de développement important, où il y a une tradition du respect de la femme qui est importante, un pays qui a des ressources économiques, mais il faut l'aider", a-t-il ajouté. "S'il y a des excès qui sont commis, il faut, sans nous ingérer, que nous fassions savoir notre point de vue", a-t-il précisé, allusion aux critiques sur les restrictions des libertés à l'encontre des dirigeants islamistes tunisiens. Lors de sa visite, François Hollande délivrera un "message d'encouragement" à l'ensemble des forces politiques tunisiennes, selon son entourage. Il devrait toutefois se garder d'évoquer la moindre échéance pour les travaux de l'Assemblée nationale constituante élue en octobre 2011, qui doivent mener à des élections en Tunisie mais qui piétinent depuis plus d'un an et demi. Le président sera accompagné de sa compagne, Valérie Trierweiler, ainsi que d'une dizaine de ministres. Un absent de marque: Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'était attiré les foudres du parti islamiste au pouvoir Ennhada pour avoir mis en garde contre la montée d'un "fascisme islamique" au lendemain de l'assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, tué le 6 février à Tunis. Des peines d'emprisonnement parfois lourdes La volumineuse délégation française comptera une quarantaine de dirigeants d'entreprise. Une vingtaine d'accords et de conventions, notamment de coopération, devraient être signés, notamment en matière de transport ferroviaire dans la région de Tunis ou de formation professionnelle des cadres de l'administration tunisienne. Dans la délégation figureront le cinéaste Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 à Cannes ou Souhayr Belhassen, ancienne présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH). Le président français devrait rappeler publiquement l'importance que la France attache au "respect des libertés individuelles dans le monde", précise son entourage, mais "sans s'ingérer en aucune manière dans les affaires de la justice tunisienne". François Hollande a été interpellé à la veille de son voyage par des ONG l'appelant à plaider en faveur d'un "système démocratique pleinement respectueux des droits humains" en Tunisie. Ces organisations pointent plusieurs condamnations comme celle du rappeur Weld El 15. Ce dernier, condamné en première instance à deux ans ferme pour une chanson insultant la police, a cependant vu sa peine réduite à six mois avec sursis mardi en appel. Parmi ses rencontres, François Hollande devrait s'entretenir avec la veuve de Farhat Hached, leader nationaliste et "père du syndicalisme tunisien" dont l'assassinat en 1952 a été attribué à La Main Rouge, une organisation paramilitaire active sous le protectorat français (1881-1956). Le président devrait à ce sujet annoncer l'ouverture des archives françaises relatives à cet assassinat et en remettre lui-même une copie à ses hôtes.