Le gouvernement français déclassifierait le dossier de l'assassinat du militant nationaliste et syndicaliste Farhat Hached, frappé jusque là du sceau "secret défense", a annoncé le Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT, Houcine Abbassi, dans des déclarations, jeudi soir à une radio privée à Paris. Il a affirmé avoir reçu des assurances dans ce sens du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qu'il avait rencontré la veille au Quai d'Orsay. Ce n'est pas la première fois qu'une mesure de levée de la "secrète défense" est demandée aux autorités françaises afin de faire toute la lumière sur cet épisode tragique de la "guerre de l'ombre" menée par la France en Tunisie, au début des années 1950. Le député des Français de l'étranger (PS), Pouria Amirshahi, avait demandé, début décembre, au président François Hollande d'ouvrir les archives afin de faire toute la lumière sur la mort du fondateur de l'UGTT dont c'était le 60e anniversaire de l'assassinat, et exhorté la France "à faire son examen de conscience sur son passé colonial". Une plainte avec constitution de partie civile avait été également déposée il y a quelques mois auprès du tribunal de grande instance de Paris pour "apologie de crimes de guerre", en rapport justement avec l'assassinat de Farhat Hached Il y a 60 ans, le 5 décembre 1952, Fahrat Hached, fondateur en 1946 et depuis Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) en même temps que l'un des principaux leaders alors du mouvement national tunisien, a été assassiné à Tunis. Selon la Ligue française des droits de l'homme (LDH), ce crime a été commis, sous le couvert d'une organisation terroriste baptisée "la Main rouge", par une branche du Service français de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) qui, depuis sa création en janvier 1946, dépendait directement du président du Conseil, celui-ci étant alors Antoine Pinay. Un colloque ayant pour thème ôA quand la vérité sur les crimes coloniaux ? et organisé par l'association "Vérité et justice pour Farhat Hached" se tiendra samedi au siège de l'Assemblée nationale française. M. Houcine Abbassi en présidera les travaux. Après un rappel des faits, le colloque interpellera les autorités françaises sur le rôle du gouvernement de l'époque et demandera l'ouverture de toutes les archives relatives à ce crime. Il soulèvera aussi les questions posées par les déclarations, en décembre 2009, à la chaîne de télévision Al Jazira d'un citoyen français qui a revendiqué avoir appartenu à cette organisation (La main rouge) en déclarant "si c'était à refaire, je referais" et estimé l'assassinat de Farhat Hached "légitime". Un point sera fait aussi sur la plainte déposée contre lui, pour apologie de crimes de guerre, en mars 2010 par les membres de la famille Hached, la LDH et la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).