Les Jeux méditerranéens ne sont qu'une compétition de dimension régionale. «Ils n'ont rien à voir avec le niveau d'un championnat du monde ou des Jeux olympiques. Ce que nos athlètes ont fait en Turquie c'est bien mais ils doivent savoir que le plus dur reste à faire, c'est-à-dire accéder à un palier supérieur. Ils sont, en tout cas, sur le bon chemin sachant que l'objectif qui leur est tracé est celui qui mène vers les Jeux olympiques de 2016 puis vers ceux de 2020.» Ce sont là quelques-uns des propos tenus, ce jeudi, par le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, lors de son passage au forum du quotidien El Moudjahid, un passage qui intervenait au lendemain de la participation de l'Algérie aux 17e Jeux méditerranéens de Mersin où elle a pu décrocher la 9e place avec un total de 26 médailles, 9 en or, 2 en argent et 15 en bronze, le meilleur résultat des Verts à ces joutes après celles de Tunis en 2001 et d'Almeria en 2005. Le responsable de l'instance olympique était accompagné du président de l'Association des comités nationaux olympiques africains (Acnoa) et membre du Comité exécutif du CIO, l'intendant général Lassana Palenfo en visite en Algérie pour assister aux championnats d'Afrique cadets et juniors de judo qui ont lieu à la salle Harcha. «Participer d'abord pour l'Afrique» C'est d'ailleurs ce dernier qui a été le premier à intervenir dans ce forum et il a pu aborder un certain nombre de sujets. Parmi ceux-ci, il y a eu celui qui concerne le nombre de plus en plus élevé d'athlètes du continent africain qui concourent aujourd'hui pour des pays qui n'appartiennent pas à ce continent. «C'est un très gros problème auquel il convient de faire face car c'est l'Afrique sportive qui en sort perdante, a-t-il déclaré. De nombreux sportifs africains bénéficient de bourses de préparation au titre de la solidarité olympique mais dès qu'ils prennent part à une compétition internationale, ils prennent la clé des champs et disparaissent dans la nature pour ressortir un peu plus tard sous les couleurs d'un pays qui n'a rien à voir avec l'Afrique. Nous avons essayé de nombreuses astuces pour tenter d'y remédier, en vain. Même si on leur confisque leur passeport ils finissent toujours par trouver un port d'attache. Pour juguler le phénomène, nous avons convenu avec le CIO d'obliger les athlètes qui ont bénéficié de bourses de préparation à concourir au moins trois ans avec leur pays d'origine, celui grâce auquel ils ont bénéficié d'une telle aide. «M. Palenfo s'est, du reste, longuement étalé sur ces bourses olympiques qui sont d'un grand secours à plusieurs athlètes africains, sachant que nombre de pays n'ont pas les ressources nécessaires pour assurer une bonne prise en charge de ces champions. A ce titre, il a précisé que la quote-part réservée à l'Afrique dans ce domaine s'élevait à 15 millions de dollars par an. Il a, en outre, développé la thèse selon laquelle les Comités nationaux olympiques, même s'ils bénéficient d'une certaine autonomie, se doivent d'entretenir de bonnes relations avec les instances gouvernementales de leurs pays tout en invitant ces dernières à éviter de s'ingérer d'une manière abusive dans le fonctionnement du comité olympique. Concernant les Jeux africains, qui sont sous tutelle des gouvernements, l'Acnoa souhaiterait en prendre la tutelle comme l'a souhaité l'Union africaine, selon M. Palenfo. «C'est notre vœu à tous au niveau de l'Acnoa, a-t-il dit. Mais cela traîne un peu car on ne parvient pas à dissoudre le CSSA, l'instance sous laquelle sont placés les Jeux africains. En tout cas, l'Acnoa ne reste pas les bras croisés. Elle vient de créer les Jeux olympiques africains de la jeunesse et compte dans un tout proche avenir créer les Jeux de l'Acnoa qui seront, eux, qualificatifs aux plus grands évènements sportifs de la planète comme les Jeux olympiques ou les Championnats du monde.» M. Palenfo a eu également à s'exprimer sur l'élection du futur président du CIO et de la ville appelée à accueillir les Jeux olympiques de 2020. «Il est vrai que les représentants africains vont se concerter dans le cadre de l'Acnoa, a-t-il révélé, mais le vote lui sera confidentiel et personnel.» S'agissant enfin du projet de plusieurs Fédérations sportives internationales de s'unir autour de l'association Sport Accord puis de créer une sorte de championnats du monde multidisciplinaires, M. Palenfo relèvera que le CIO n'est pas contre mais il doute que cela puisse se concrétiser «car comme vous le savez, le calendrier sportif international est déjà assez rempli. Trouver des dates va être extrêmement difficile». «On ne peut revendiquer l'impossible» Pour ce qui est de M. Berraf, il devait parler essentiellement de la participation de l'Algérie aux récents Jeux méditerranéens de Mersin, commençant par rendre hommage au ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, et à son département «pour le soutien et l'aide qu'ils nous ont prodigués. Ils sont pour beaucoup dans la réussite de cette entreprise et dans celle des athlètes algériens». «Les Jeux de Mersin n'ont été qu'une étape intermédiaire dans la stratégie qui est mise en œuvre pour avoir la meilleure participation possible aux Jeux olympiques de 2016 mais surtout ceux de 2020, sachant que le temps est trop court pour miser sur de grands résultats à Rio dans trois ans. Nous ferons, cependant, le maximum pour répondre au vœu de M. le Premier ministre qui nous a demandé d'avoir ces Jeux en ligne de mire.» Pour le président du COA, «il n'y pas de miracle à attendre en sport. La clé de la réussite se trouve dans le travail et la persévérance. Pour cela, nous nous devons de mettre les athlètes dans des conditions optimales de préparation tout en les encadrant par des entraîneurs compétents et de qualité. Il faut, à ce sujet, éviter le recrutement de techniciens étrangers dont on sait qu'ils ne sont pas supérieurs aux nôtres. Je trouve d'ailleurs anormal qu'un entraîneur algérien touche moins bien qu'un coach étranger placé sous son autorité.» Concernant les revendications d'ordre social que ne manquent pas de faire les athlètes médaillés, le président du COA fera savoir qu'il existe une législation qui fait bénéficier ces athlètes de primes en argent mais aussi de biens immobiliers. «J'ajoute, a-t-il indiqué, que le COA participe lui aussi à la récompense de ces sportifs. Par ailleurs, ces athlètes peuvent se rapprocher de l'Ansej qui leur octroie en priorité des aides et crédits pour tout projet qu'ils comptent lancer avec d'énormes avantages sur les plans fiscal et parafiscal. Un athlète a le droit de revendiquer mais il faut se garder de ne pas abuser. Je ne comprends pas comment un athlète qui prend part à des compétitions internationales où il y a de l'argent à gagner en vienne à demander qu'on lui vienne en aide. Il ne faudrait, tout de même, pas exagérer.» M. Berraf s'est, par ailleurs, montré neutre dans la non-participation de l'équipe nationale féminine de volley-ball aux Jeux de Mersin. «Je suis de ceux qui disent que ce sport est géré par une fédération dont il faut respecter la décision. Cette fédération a un plan d'action et une telle participation n'en faisait, peut-être, pas partie. Personnellement, j'aurais bien aimé que cette équipe aille à Mersin mais si sa fédération a jugé utile de ne pas l'engager il faut respecter son choix.» Dans le même ordre d'idée, il fera savoir qu'il aurait voulu que l'Algérie participe aux Jeux de Mersin avec le handisport «mais cela n'a pu se faire parce que ces athlètes sont en préparation de leurs championnats du monde qui vont avoir lieu incessamment». Dans son discours de clôture du forum, le président du COA reviendra sur le thème du sérieux dans l'effort et dans la préparation. «Nous avons conscience que malgré tous les moyens déployés par l'Etat, il reste énormément à faire pour atteindre le très haut niveau. J'en veux pour preuve le football qui fait tout pour se lancer dans le professionnalisme alors que ces clubs vivent à un niveau amateur. Je fais allusion ici aux entraînements qu'ils subissent qui sont loin de répondre aux critères de la haute performance.»