L'application de la nouvelle taxe sur les véhicules neufs se fait sentir chaque jour un peu plus. Si les concessionnaires ont procédé à une augmentation des prix, le marché des voitures d'occasion enregistre, lui aussi, une flambée sans précédent. Lors d'une virée effectuée hier au marché hebdomadaire d'El Harrach, nous avons constaté une montée vertigineuse des prix, notamment pour la gamme des petites cylindrées, très prisées en ces temps de crise. La première image qui s'offre à nous c'est le nombre de véhicules exposés. Le marché a eu du mal à contenir le flux de voitures dont une grande majorité flambant neuf. Nombreux sont les vendeurs qui étaient contraints de prendre place à l'extérieur du marché, sur les bas-côtés de la route. Ceux qui ont pu avoir une place à l'intérieur ont dû passer la nuit dans le souk. L'affluence était assez nombreuse, «beaucoup plus de curieux», indique-t-on, venus spécialement sur les lieux pour avoir une meilleure idée sur la mercuriale de cette semaine, et d'autres tout simplement déterminés à s'acquérir un véhicule. En matière de prix, le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils sont très proches de ceux proposés par les concessionnaires, surtouat pour les voitures datant de 2008. Pour les habitués, notamment les revendeurs, «cette flambée trouve son explication dans la suspension de l'importation des véhicules de moins de trois ans et le difficile accès au crédit automobile». La nouvelle taxe a eu aussi son effet sur cette envolée des prix, ajoute-t-on. A titre illustratif, le prix d'une petite cylindrée, une Suzuki Maruti en l'occurrence, immatriculée en 2007, est estimé à 360 000 dinars. Une Picanto de la marque Kia, année 2008, vaut selon son propriétaire 850 000 dinars, pas loin de son prix au show-room du Caroubier. Sur cette «folie des prix», Lotfi, étudiant venu accompagner son père pour acheter une voiture, est perplexe. «Depuis l'application de ladite taxe, il devient impossible de trouver une bonne voiture en dessous des 500 000 dinars ! Sincèrement, je vais encore patienter. Je suppose que les prix vont baisser car les gens n'ont pas les moyens d'acquérir une voiture». Beaucoup de personnes rencontrées hier étaient dans le désarroi, surtout que le marché automobile mondial est en pleine crise. Des prix selon la gamme En revanche, d'autres clients n'hésitent pas à payer cash des sommes astronomiques. Des véhicules haut de gamme, tel que Smaïl qui s'est acheté une Swift à 110 millions de centimes. «Franchement, je ne vois pas de différence entre les voitures chez les concessionnaires et ici au souk. Je peux vous assurer qu'on trouve souvent de très bonnes occasions au marché d'occasion», dit-il. Une voiture de marque Volkswagen a été proposée pour la bagatelle somme de 290 millions de centimes ! Mais le propriétaire ne voulait pas la céder pour ce tarif. Trop bas, à ses yeux. Les voitures qui trouvent facilement preneur sont les petites cylindrées, telle la Maruti 800, ou «el moualima» (l'enseignante), appelée ainsi car au début, bien vendue dans le milieu éducatif. Les citadines Chevrolet Spark ou Hyundai Atos, sont vendues comme «des petits pains», pour reprendre l'expression d'un revendeur, spécialisé dans ce segment. «Les embouteillages dans les grandes villes et autres aléas favorisent l'achat des petites voitures, contrairement aux grosses cylindrées», explique-t-on encore. La crise mondiale aura-t-elle des conséquences sur le marché algérien ? La question ne se pose même pas, selon un habitué du marché d'El Harrach : «Nous nous acheminons vers une véritable haute saison, surtout entre les mois de février et août, où les besoins en voitures sont en évolution.» Un pronostic à suivre.