L'anarchie règne depuis 1989 au marché des Trois horloges de Bab El Oued. Les commerçants ne savent plus à quel saint se vouer. Ils demandent l'intervention des responsables de la commune dans les plus brefs délais. «Le principal problème du marché de Bab El Oued est la prolifération du commerce informel», explique Ali Ziani, le représentant syndical du marché, affilié à l'Ugcaa, précisant qu'«un diktat est imposé par des bandes mafieuses qui louent la voie publique à des vendeurs ambulants entre 30 000 et 40 000 DA par mois». «Cela fait dix ans que la commune de Bab El Oued promet des changements. La dernière promesse date d'il y quatre mois. Mais nous restons pessimistes, parce que rien n'est fait pour améliorer la situation. Bien au contraire, elle empire chaque jour plus», souligne-t-il. En effet, le constat est peu reluisant. Le désarroi des vendeurs de fruits et légumes du marché en question atteint son paroxysme. Ces derniers ont maintes fois demandé un espace de stationnement pour acheminer leurs marchandises sur les étals. Ali Ziani affirme que les vendeurs «sont obligés de garer leurs fourgons loin du marché, même à proximité de la plage de R'mila». En plus de cela, «les propriétaires des petits camions de marchandises étaient parfois tabassés par les marchands informels, qui leur interdisent de garer», soutient le représentant syndical. «Nous avons rencontré le chef de la sûreté et le président de l'APC de Bab El Oued, mais ils nous ont précisé que ce problème ne peut être résolu que par le wali d'Alger», a indiqué notre interlocuteur. Autre point soulevé, les marchands informels sont, selon des personnes approchées sur les lieux, «originaires des wilayas limitrophes». Un homme d'un certain âge, tête entourée d'un keffieh, déplore le sort que subissent le marché et le quartier de Bab El Oued. «Ces vendeurs viennent de Larbaâ et même de Bouira. Ils nous empoisonnent la vie. La commune doit trouver une solution. Ça ne peut plus durer», s'est-il emporté. La libre vente des marchands informels pénalise les commerçants activant à l'intérieur du marché couvert. «Les tenants de ce commerce s'en sortent mieux, car ils ne payent pas d'impôts. Nous, les vendeurs légaux, nous arrivons difficilement à joindre les deux bouts», note le représentant syndical. Les vendeurs déclarés réclament à cet effet «la suppression des impôts pour les petits commerçants». Embouteillage et manque d'hygiène Un habitant du quartier soulève pour sa part les problèmes de circulation. Selon lui, «le marché est cerné de partout. Si un incendie se déclenche, les ambulances et les sapeurs-pompiers ne pourront pas accéder à l'édifice marchand, puisque toutes les entrées sont obstruées par les étals informels». Aussi, force est de constater que l'hygiène n'est pas au rendez-vous. «Les commerçants illégaux sont responsables de ce désordre. C'est eux qui abandonnent les déchets à tout va», signale un citoyen qui se revendique «enfant authentique de Bab El Oued». «Nous sommes pris en otages, c'est un blocus total que nous vivons. Que pouvons-nous faire ?», s'interroge-t-il. «Des enfants sont tombés malades à cause des odeurs nauséabondes qui pénètrent dans les maisons. Pour cette raison, des familles sont dans l'obligation de fermer les fenêtres en permanence. En été, avec la chaleur estivale, c'est une catastrophe», déclare-t-il. Enfin, nos différents interlocuteurs affirment être disposés à une entière collaboration avec le président de l'APC, «pour redonner une belle image à Bab El Oued». «Comme dans les années 1970», disent-ils, nostalgiques.