Les commerçants “réglementaires” du marché de Bab-El-Oued ne savent pas à quel saint se vouer. Toutes leurs plaintes et tentatives pour atténuer le phénomène du commerce informel, qu'ils jugent “provocant” n'ont rien donné. Ces derniers ont même procédé, il y a quelques mois à une grève de trois jours pour dénoncer ce laisser-aller, en vain. Les autorités n'ont manifesté aucun intérêt à leur égard, déplorent-ils. Leurs “rivaux”, les vendeurs à la sauvette eux aussi ne veulent rien entendre et continuent à exercer en toute liberté. Une situation encouragée par, disent les commerçants du marché couvert des Trois Horloges, le silence et l'inaction des autorités locales. Conscientes des différents inconvénients causés par ces vendeurs, les autorités locales se disent impuissantes devant “l'intransigeance” de ces vendeurs. Interrogé récemment à ce sujet, le premier magistrat de la commune de Bab-El-Oued, M. Kettou Slimane a reconnu que cette pratique, la vente à la sauvette, pénalise énormément les commerçants qui travaillent dans la légalité et met les autorités locales face à une situation difficile à gérer, à savoir comment lutter contre le marché informel. “Nous sommes très conscients de cette situation. Ces vendeurs n'exercent pas seulement dans l'illégalité mais ils créent des problèmes d'insécurité aux alentours du marché car ils sont venus d'un peu partout d'Alger et beaucoup d'entre eux ne sont pas connus des services de sécurité contrairement à d'autres issus du quartier de Bab-El-Oued”. Une situation confirmée par les services de sécurité de Bab-El-Oued. Une source policière nous a déclaré que le mois de Ramadhan dernier a été caractérisé par des dizaines de vols à la tire, des agressions contre les clients, ainsi que des bagarres et des accrochages réguliers entre les vendeurs, souvent pour une question de place aux alentours du marché. En plus, les étals de ces vendeurs bloquent les principaux accès au marché. Cette situation crée aussi un grand problème d'hygiène. “Chaque soir, après leur départ, ils abandonnent leurs cartons et leurs déchets sur les lieux”, souligne un agent de sécurité au marché Trois Horloges. Une pratique qui pénalise énormément les services d'hygiène de la commune qui sont contraints à chaque fois à travailler le soir jusqu'à une heure tardive pour nettoyer les lieux et ramasser tous les détritus. Le jeune P/APC de Bab- El-Oued nous a souligné que les élus de sa municipalité étudient sans relâche la possibilité de régulariser la situation de ces vendeurs à la sauvette en aménageant les lieux et en leur imposant une “taxe” mensuelle forfaitaire. “Nous ne voulons pas aller vers une solution radicale et leur interdire d'exercer définitivement. Cette solution aura des conséquences fâcheuses, vu le nombre de ces commerçants et leur situation socio-économique. Beaucoup sont sans métier et chômeurs”, nous a expliqué récemment le premier responsable de la commune. Cela dit, la solution tarde à venir et les commerçants, exerçant dans les normes, subissent les conséquences de ce phénomène. Ils paient les impôts et sont confrontés à une concurrence déloyale. N. H.