Deux ans après avoir bénéficié d'un projet de relance, l'entreprise algérienne des textiles Texalg tarde à «décoller» et connaît même «une période difficile» qui inquiète davantage ses 5000 travailleurs. Contrairement à leurs attentes, l'entreprise accuse des retards dans le versement des salaires, enregistre un recul de production, perd des parts de marché et connaît une instabilité et une désorganisation en termes de gestion, a révélé hier le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuirs, Amar Takjout. «L'entreprise n'a pas d'objectifs clairs alors qu'elle doit avoir une vision qu'elle partagera avec ses travailleurs», a-t-il soutenu. Comme première réaction à la situation de léthargie qui prévaut au niveau des 17 unités de l'entreprise, les membres du conseil syndical de Texalg ont tenu, dimanche dernier, un rassemblement devant la direction générale de l'entreprise à Alger pour contester l'actuelle gestion et réclamer des réponses au sujet de la sous-utilisation des capacités de production aggravée notamment par le manque de matière première. Les inquiétudes des travailleurs se sont accentuées car, depuis 2011, aucun changement n'a eu lieu. A leur grande surprise, les problèmes dont pâtissent les 17 usines restent intacts. M. Takjout a rappelé que le discours prôné par le gouvernement va dans le sens de la relance du textile. Or, «en l'absence de prémices de relance, l'on se demande s'il y a vraiment un programme», s'est-il demandé, convaincu que le problème est lié principalement «au mode de gestion et au management». Ainsi, l'avenir professionnel des travailleurs est «menacé» en raison de ces «défaillances inexplicables». Le rythme de croissance des unités de filature, tissage, lainage, cotonnades et soieries doit être soutenu au regard des futurs besoins de la filière textile qui verra la création de plusieurs entreprises de partenariats avec les Turcs. Cependant, Texalg, d'une capacité de production annuelle de 180 millions de mètres linéaires, ne produit que 10 millions de mètres. La relance de l'activité relève de la responsabilité des cadres dirigeants, a insisté M. Takjout, plaidant pour l'engagement d'un dialogue plus large entre la fédération, représentante des travailleurs, les responsables de Texalg et de la SGP-Industries manufacturières afin d'apporter des réponses aux questions des travailleurs et apaiser le climat de tension provoqué principalement par le recul de l'activité et le manque de matière première. Les syndicats ne peuvent qu'alerter les responsables de la SGP et le ministère de l'Industrie afin d'intervenir et trouver des solutions. Le programme de relance 2011-2014 n'est pas encore mis en œuvre, malgré la disponibilité des ressources humaines et de l'outil de production. «Il faut élaborer une stratégie de production pour gagner des parts de marché», insistera-t-il. «Nous allons exposer le problème à la SGP qui peut à son tour demander une enquête interne et engager un audit», car l'investissement de 200 millions de dollars consentis par l'Etat doit être rentabilisé.