Le président de la Fédération nationale des travailleurs du textile, cuir et bois, Amar Takjout, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, accuse l'administration de l'environnement de s'attaquer au secteur public du cuir et de fermer les yeux sur les activités privées «clandestines» qui concernent les trois quarts des peaux traitées. Ces activités non seulement sont polluantes, clandestines mais contribuent à des exportations frauduleuses de la matière première semi-finie de l'industrie du cuir. Il révèle qu'en 2010, selon les statistiques officielles italiennes, l'Algérie a exporté vers ce pays un montant de 6 millions d'euros en peaux. Or, s'étonne-t-il, on ne retrouve pas ces 6 millions d'euros dans les statistiques algériennes du commerce extérieur pour 2010, il n'y a que 200 000 ou 300 000 euros, précise-t-il. Où est passée la différence ? Amar Takjout pense que cette exportation frauduleuse, qu'il assimile à du banditisme est encouragée. Il demande aux autorités d'interdire l'exportation des peaux semi-finies et de n'autoriser que celles des peaux finies. Il rappelle qu'il y a en Algérie 17 tanneries identifiées dont 12 privées (de taille moyenne, fait-il observer,) et 5 publiques. Il rappelle qu'un Groupe turc est intéressé par deux usines de textile. Des responsables de ce Groupe se sont rendus dans ces deux entités de production. Pour eux, la règle 51-49 ne pose aucun problème. Ils veulent produire des modèles d'habillement qu'ils peuvent vendre facilement sur le marché local et exporter vers d'autres pays où ils détiennent des parts de marché. Amar Takjout a évoqué le plan d'assainissement et d'investissement de l'ordre de 2 milliards de dollars dont a bénéficié le secteur pour assainir la dette, relancer l'investissement et pour la formation. Le programme est lancé mais avance à petits pas. L'objectif à l'échéance 2014 est de couvrir 20% du marché national par la production locale. En 2014, fait-il remarquer, 6 000 travailleurs du secteur partiront à la retraite. Depuis 23 ans, souligne-t-il, pas un ingénieur en textile n'a été formé. Il souhaite que les retraités soient maintenus pour pallier à ce manque. Pour Amar Takjout, la relance réelle ne se voit pas. Le programme butte sur des questions techniques, dit-il, notamment les contradictions dans les chiffres qui ne concordent pas entre le Trésor, les banques et les entreprises. Il s'inquiète de ce que la relance ne se sente pas sur le terrain et que l'on ne voit pas l'impact de l'argent qui a été injecté dans le secteur. Il y a un bilan à tirer, estime-t-il. Il fait savoir que trois unités vont être rouvertes : deux à Cheraga (habillement et chaussures) et une à Meskiana, Aïn Beida (filature). Le plan de mise en place de la culture du coton et d'une industrie de la fibre synthétique prend du retard, ce n'est pas sérieux, ajoute-t-il. Selon lui, il existe des forces qui essaient de faire avancer le pays tandis que d'autres veulent le statu quo qui convient à leurs intérêts.