L'Egypte continue à vivre au rythme de manifestations organisées par les opposants et les partisans du président déchu Mohamed Morsi, et également au rythme des attentats terroristes perpétrés contre l'armée et la police égyptiennes au Sinaï. Les affrontements, au cours des manifestations et dans les embuscades tendues au Sinaï, ont, jusqu' à présent, fait plus d'une centaine de morts. Les partisans de Mohamed Morsi ont tenu de nouvelles manifestations hier au Caire réclamant le retour du président islamiste déchu. L'appel à cette manifestation est intervenu au lendemain des mises en garde du président par intérim Adly Mansour et de l'armée contre tout «recours à la violence». Les manifestations étaient parties en début d'après-midi, après la prière du vendredi, de dix-huit mosquées situées dans différents quartiers du Caire. Les cortèges convergeaient vers deux sites : la mosquée Rabaa Al-Adawiya située dans un faubourg au nord-ouest de la capitale, et l'Université du Caire, dans le quartier de Guizeh. Des manifestations des Frères musulmans avaient également lieu en province, à al-Arich (nord Sinaï), Marsa Matrouh (nord-ouest) Beni Suef et Minya (Moyenne-Egypte), selon la télévision publique. Des rassemblements des adversaires de M. Morsi sont également annoncés sur la place Tahrir et près du palais présidentiel. Les opposants à M. Morsi ne tiennent pas à «céder l'espace» aux Frères musulmans puisqu'ils ont annoncé pour hier des manifestations sur la place Tahrir et près du palais présidentiel. De nouveaux affrontements entre les deux camps étaient craints. L'armée égyptienne qui vient de lancer une vaste opération militaire pour venir à bout des auteurs des embuscades et des guet-apens tendus au Sinaï, renforce sa présence dans les rues égyptiennes pour tenter d'empêcher tout nouvel affrontement entre les anti-Morsi et les partisans du président égyptien déchu. Le président Mansour a assuré, jeudi soir à la télévision, qu'il mènerait «la bataille pour la sécurité jusqu'au bout». Depuis la destitution de Morsi, plus d'une centaine de morts ont été enregistrés. Plus de cinquante personnes ont notamment péri le 8 juillet devant le quartier général de la Garde républicaine, tandis que sept autres ont perdu la vie dans la nuit de lundi à mardi au Caire lors de heurts en marge de manifestations. «Nous sommes à un moment décisif de l'histoire de l'Egypte, que certains veulent entraîner vers l'inconnu», a souligné le président égyptien par intérim.Le président déchu reste détenu par l'armée égyptienne. La justice égyptienne continue à ordonner l'arrestation de leaders des frères musulmans. Ces derniers ne semblent pas être prêts à abandonner la présidence, et les opposants à Morsi disent ne pas accepter que les Frères musulmans «détournent la révolution à leur compte».L'armée, quant à elle, a «mis en garde contre toute dérive de l'expression des opinions pacifiques, ainsi que contre le recours à la violence». Dix djihadistes tués L'Egypte est également confrontée à une nette détérioration de la situation sécuritaire dans la péninsule du Sinaï, dans l'est du pays, où sont implantés des djihadistes auteurs de plusieurs attaques terroristes ayant fait plusieurs morts parmi les militaires, policiers et civils. Les attaques terroristes contre la police et l'armée mais aussi contre des civils se sont multipliées dans cette région depuis la destitution de Morsi. L'armée égyptienne y a renforcé sa présence pour tenter de rétablir la stabilité. Quatre policiers y ont été tués en moins de 48 heures, dont l'un jeudi soir quand des hommes armés ont pris pour cible un camion de police transportant de l'eau, selon des sources médicales. L'agence officielle Mena a indiqué jeudi que dix djihadistes avaient été tués en deux jours lors d'une opération de l'armée contre des combattants islamistes du Sinaï. Une source militaire égyptienne a indiqué que la route internationale du littoral a été utilisée pour acheminer davantage de matériels militaires à El Arich pour le renforcement des moyens dont disposent les effectifs se trouvant au Sinaï pour combattre les djihadistes. Aux grands camions utilisés dans l'acheminement de ce matériel militaire, s'ajoutent d'autres convois militaires transportant du matériel qualifié de «sophistiqué». Une grande offensive est menée par l'armée égyptienne contre les terroristes sévissant au Sinaï, qui, à coups d'attentats, tentent d'imposer le retour de Morsi au pouvoir.